Mon lexique Broadway

Au fil de mes articles, je tenterai le plus possible de définir et démocratiser les termes spécifiques à Broadway, mais voici quand même un lexique. Si un gros point d’interrogation apparaît sur votre visage à la lecture d’un de mes articles, n’hésitez pas à m’écrire et j’ajouterai ce terme dans le lexique (ben oui, j’suis fin de même!)

Broadway : Au nombre de 40, les théâtres de catégories Broadway présentent des productions dans les salles situées dans le Theater District de Manhattan et comptant 500 sièges et plus.

Off-Broadway : Les théâtres de catégories Off-Broadway présentent des productions dans les salles de New York City comptant entre 100 et 499 sièges. S’ajoute à cette catégorie les productions dans les théâtres de plus de 500 sièges qui sont en dehors du Theatre District de Manhattan. Si on sait qu’il y a 40 théâtres de catégorie Broadway, il est beaucoup plus difficile de mettre un chiffre sur le nombre exact de salles Off-Broadway. (Pour plus de détails quant aux différences entre Broadway et Off-Broadway, lisez mon article : http://bit.ly/Bway-Off-Bway)

Off-Off-Broadway : Les théâtres de catégories Off-Off-Broadway présentent des productions dans les salles de New York City comptant moins de 100 sièges. À cela s’ajoutent les productions théâtrales new-yorkaises qui comptent des acteurs professionnels qui ne sont pas membres du syndicat Equity.

Equity : L’Actor’s Equity est le syndicat des acteurs et actrices professionnels aux États-Unis. On pourrait le comparer à l’Union des Artistes au Québec. Par contre, contrairement à l’UDA, l’Equity ne représente que les acteurs et actrices qui œuvrent sur les planches, alors que ceux qui font de la télévision et du cinéma sont membres d’un autre syndicat. Toutes les productions de catégorie Broadway et Off-Broadway ne contiennent que des membres Equity, tout comme la majorité des productions d’envergure aux États-Unis. L’Equity garantit également un salaire décent (minimum 1 861$/semaine sur Broadway) aux acteurs et actrices, en plus d’obliger les productions à offrir 8 représentations sur 6 jours chaque semaine. 

National Tour : La plupart du temps, les productions qui ont du succès sur Broadway partent en tournée aux quatre coins du monde. Il existe deux types de tournée : celles catégorisées « Equity » et celles appelées « Non-Equity ». Les tournées Equity jouent 8 représentations par semaine et ne passent pas moins d’une semaine dans une même ville. Les comédies musicales d’envergure peuvent parfois passer plusieurs mois dans une même ville, alors que les plus petites tournées peuvent jouer dans 50 villes annuellement. Les tournées Non-Equity sont tout de même professionnelles, mais mettent en scène des acteurs non membres du syndicat et jouent souvent 2 à 3 représentations par ville. Ces tournées sont de courte durée et voyagent beaucoup (exemple : 29 villes en 3 mois). Récemment au Québec, on a vu les tournées Equity de Wicked, The Lion King et The Book of Mormon passer par Montréal, alors que la ville de Québec a accueilli les tournées Non-Equity d’American Idiot, Cats et Jesus Christ Superstar.

Regional theater : C’est le type d’institution théâtrale à l’extérieur de New York qui présente des productions professionnelles. On en compte des centaines et des centaines aux États-Unis. Ces théâtres se comparent beaucoup à nos institutions ici au Québec, comme le Théâtre du Nouveau Monde à Montréal ou le Théâtre de la Bordée à Québec. Dans une même saison de 5 à 10 productions, on retrouve de nouvelles créations qui finiront peut-être par jouer sur Broadway, tout comme des reprises de pièces et de comédies musicales connues. Les prestigieux Tony Awards à New York remettent chaque année le prix du Meilleur Théâtre Régional. Parmi les institutions les plus réputées, on retrouve La Jolla Playhouse (San Diego), 5th Avenue Theatre (Seattle) et Arena Stage (Washington).

Saison théâtrale : Elle est définie par les dates importantes imposées par le gala le plus prestigieux : les Tony Awards. Comme à Hollywood où la fin d’une saison est la date limite d’éligibilité aux Oscars, à New York, c’est le 1er mai qui fait office de date butoir. C’est donc dire qu’une production théâtrale qui ouvre sur Broadway le 2 mai 2015 ne sera pas éligible aux Tony Awards de 2015, mais plutôt à ceux de 2016. (Lisez ma liste des 5 comédies musicales à voir dans la saison théâtrale 2015-2016 : http://bit.ly/1UeM40a)

Theater District : C’est le territoire géographique autour de Time Square où tous les théâtres de Broadway sont situés. Les limites géographiques sont, du nord au sud, les 40e et 53e Rues, et d’est en ouest, les 6e et 8e Avenues. Toutes les salles de spectacle situées à l’extérieur de ce quadrilatère ne sont pas considérées de catégorie « Broadway ».

Theater-District

Original production : C’est le nom donné à la première production d’une pièce ou nouvelle comédie musicale. Après des années de travail, de lectures et de workshops, la pièce voit enfin le jour sous forme d’une production. Certains appelleront la toute première production World-Premiere, mais le terme Original est plus souvent utilisé. Ces productions sont éligibles aux Tony Awards pour la Meilleure Comédie Musicale ou pour la Meilleure Pièce de Théâtre.

Revival production : Lorsqu’une Original production termine sa série de représentations, il n’est pas impossible que cette comédie musicale ne revoie le jour sur Broadway. Lorsque des producteurs ramènent une pièce qui a déjà joué sur Broadway, on parle d’un revival, que l’on pourrait librement traduire par « reprise ». Parfois, il s’écoule peu de temps entre la fermeture de la production originale et le début du revival : En 2006, une production de Les Misérables est revenue sur Broadway seulement 6 années après que la production originale n’est pliée bagages. Au contraire, en 2013, la comédie musicale Pippin a fait son grand retour sur Broadway, 36 ans après la fermeture de la production originale. Tant qu’à être dans les chiffres, voulez-vous savoir quelle comédie musicale a eu le plus de reprises? Même si votre réponse est « non », je vous le dis quand même : Porgy and Bess, des célèbres frères Gershwin, a eu droit à sept revivals depuis la production originale de 1935.

Workshop : Dans le monde du théâtre, on entend souvent parler de « lectures ». À New York, il est aussi très commun que des auteurs organisent des readings pour entendre les premiers balbutiements d’une nouvelle pièce de théâtre. Comme la comédie musicale est une forme d’art complexe où le chant, l’interprétation et la danse se fusionnent, les lectures sont souvent remplacées par des workshops. D’une durée variable entre 3 jours et 1 mois, le workshop est une période faste en créativité où auteur, compositeur, metteur en scène, chorégraphe, scénographe et autres artisans testent le matériel. Certains workshops ont lieu avant même que l’œuvre soit complétée, alors que d’autres se déroulent à quelques mois seulement de l’ouverture sur Broadway.

Tryout : Souvent appelé « out-of-town tryout » ou « pre-Broadway tryout », le tryout est une production à part entière qui a lieu à l’extérieur de New York. Traduit librement par « production de rodage », ces séries de représentations ont lieu quelques semaines ou quelques mois avant l’ouverture officielle sur Broadway. À une certaine époque, les tryouts servaient à jouer le spectacle à l’abri des critiques. Maintenant, à l’ère d’Internet où l’information circule rapidement, le but est plutôt d’aller roder le spectacle afin d’arriver le plus prêt possible à New York. De plus en plus, les productions de tryouts s’insèrent dans les saisons des regional theater des quatre coins des États-Unis et jouent pendant quelques semaines. C’est un peu comme si avant d’ouvrir en grande pompe à Paris, une nouvelle pièce de théâtre venait tester son matériel en s’insérant dans la saison du Théâtre du Trident à Québec. Les villes les plus populaires pour les tryouts sont San Diego, Seattle, Boston, Toronto et New Haven.

Opening night : C’est la première médiatique! Les critiques du monde entier sont invités, les célébrités new-yorkaises défilent sur le tapis rouge et une nouvelle pièce voit finalement le jour. Après la représentation, tous les membres de la production célèbrent ensemble et attendent impatiemment la sortie des critiques. Depuis l’arrivée d’Internet, les critiques sont mises en ligne le soir même, quelques heures après que le rideau ne soit tombé. Pour la survie d’une production, il est primordial que les critiques soient positives.

Previews : Après les répétitions et la générale, une production de Broadway n’a pas tout de suite sa première médiatique. Pendant deux à quatre semaines, la pièce joue devant public et teste une dernière fois le matériel avant d’inviter les critiques. Il faut savoir que sur Broadway, après la première médiatique, la pièce ne peut pas subir de modifications. La mise en scène restera la même et les répliques ne changeront pas, peu importe la durée de la série de représentations. La période de previews permet donc de faire les dernières modifications avant de figer l’œuvre dans le béton. Certains spectacles subiront très peu de changements entre le premier preview et la première médiatique, alors que dans d’autres cas, des changements majeurs auront lieu. Le cas le plus connu est la comédie musicale Spider-Man, qui a fracassé le record de la plus longue série de previews avec 182 représentations sur 7 mois. Durant cette période, le metteur en scène et l’auteur du livret ont été congédiés, certains acteurs ont été remplacés, des éléments de décor ont été construits puis jetés à la poubelle et un acteur a frôlé la mort lors d’une chute. 

Closing night : Sur Broadway, on estime que 3 productions sur 4 ferment ses portes prématurément. La dernière représentation est donc synonyme de tristesse, puisque les acteurs se retrouvent sans travail et les producteurs perdent de l’argent. Dans l’histoire, certaines comédies musicales ont dû fermer leurs portes après une seule représentation (Glory Days en 2008), alors que d’autres plient bagages après avoir fracassé des records de longévité (Cats, après 7 485 représentations en 2000).

Open-ended run : Une série de représentations est classifiée d’open-ended lorsque la date de la dernière représentation n’est pas fixée. C’est donc dire que le spectacle joue en continue, sans arrêt, jusqu’à ce que les producteurs décident qu’il n’y a plus suffisamment de billets vendus. Sur Broadway, la majorité des comédies musicales sont open-ended.

Limited run : On parle d’une limited run lorsque la date de la dernière représentation est fixée dès le début des représentations. Sur Broadway, la majorité des pièces de théâtre sont une limited run.

Extended run : On parle d’une extended run lorsque des représentations supplémentaires sont ajoutées à la fin d’une limited run. Très peu de production théâtrale au Québec sont open-ended. On pourrait cependant dire qu’une production dans un théâtre institutionnel (TNM, Trident, etc.) est une limited run, qui devient parfois une extended run lorsqu’on ajoute des supplémentaires.

Cast recording (album) : Lorsqu’une comédie musicale ouvre sur Broadway, elle est accompagnée d’un enregistrement audio dans 9 cas sur 10. Quelques semaines après la première, les acteurs et musiciens d’une production entrent en studio et enregistrent l’intégralité des chansons du spectacle en seulement quelques jours. Comme il est très rare qu’une production soit filmée et sortie en DVD, la bande sonore est souvent son seul souvenir matériel. Dans l’histoire, bon nombre de cast recordings ont atteint le top-100 du Billboard et depuis 1959, les Grammy Awards remettent un prix dans la catégorie « Best Musical Theater Album ».

Original cast : C’est le nom donné aux membres de la première distribution d’une production. Bien sûr, si une comédie musicale joue en permanence pendant des mois, voire des années, la distribution changera. Par contre, la distribution originale est celle dont on se rappelle le plus puisque les acteurs sont ceux qui jouaient lors de la première médiatique et des Tony Awards, en plus de chanter sur le cast recording album. Les acteurs originaux restent habituellement entre 6 et 18 mois dans une production (si le spectacle ne ferme pas avant). 

Lead role : Ce sont les rôles principaux dans une pièce de théâtre ou une comédie musicale.

Featured role : Ce sont les rôles secondaires ou « de soutien » dans une pièce de théâtre ou une comédie musicale.

Ensemble : Aussi appelé « company », l’ensemble regroupe tous les acteurs, chanteurs et danseurs qui tiennent une foule de petits rôles et qui supportent les personnages principaux et secondaires. Ce sont souvent d’excellents danseurs qui chantent tous les chœurs et de petites lignes solos. Dans une comédie musicale comme Les Misérables, plus de vingt acteurs forment l’ensemble et chacun d’entre eux joue une multitude de rôles : un prisonnier, une prostituée, un étudiant, une mendiante, etc.

Playbill : C’est l’entreprise qui gère les programmes officiels de toutes les productions de Broadway et d’Off-Broadway et qui comptabilisent les crédits artistiques de tous les acteurs, musiciens, créateurs et techniciens depuis 1884. Les programmes sont remis à tous les spectateurs avant la représentation et affichent tous les détails sur la production. Depuis peu, Playbill a lancé la banque de données en ligne « Playbill Vault » qui regroupe tous les crédits artistiques de l’histoire de Broadway. Jetez-y un œil : www.playbillvault.com

Stage door : La stage door est une porte d’un théâtre par où la distribution et l’équipe technique circulent. La tradition veut qu’après les représentations, des clôtures de foules sont installées et les acteurs sortent rencontrer leur public. Les fans peuvent donc faire signer leur Playbill et discuter avec ceux qu’ils viennent de voir sur scène. Dans les dernières années, certaines grandes vedettes comme James Franco et Neil Patrick Harris se sont prêtés au jeu et ont rencontré les foules en délire.

Tony Awards : Ce sont les prix les plus prestigieux remis aux productions théâtrales. Les Tony Awards sont à Broadway ce que les Oscars sont à Hollywood! Autant les pièces de théâtre que les comédies musicales sont récompensées, mais celles-ci ne compétitionnent pas dans les mêmes catégories. Seules les productions qui jouent dans les théâtres de catégorie Broadway sont éligibles à ce gala. Au fil des années, de grandes célébrités ont animé la prestigieuse soirée : Hugh Jackman, Whoopi Goldberg, Neil Patrick Harris, Matthew Broderick, Rosie O’Donnell, Anthony Hopkins, Julie Andrews, etc. Le nom « Tony » a été donné en l’honneur de l’actrice et productrice Antoinette Perry, qui a également fondé l’organisme American Theatre Wing.

The Broadway League : C’est l’organisme indépendant qui supervise les théâtres de Broadway. Née en 1930 dans le but d’encadrer la production de théâtre à New York, la League a maintenant comme objectif principal de faire connaître Broadway à un plus grand nombre, susciter l’intérêt des générations futures et supporter les créateurs. L’organisme est aussi en charge de présenter les Tony Awards à chaque année, en collaboration avec l’American Theatre Wing.

American Theatre Wing : Tout comme la Broadway League, c’est un organisme indépendant qui a comme but principal de supporter l’excellence et l’éducation du théâtre. L’ATW a aussi fondé les célèbres Tony Awards en 1947.

2 commentaires

  1. Marie-C · août 12, 2015

    Je ne connais pas les termes à Broadway, mais à Londres on utilise « Understudy »… La première fois qu’on m’a demandé s’il y avait des understudy, je n’avais aucune idée de ce qu’ils me demandaient 😛

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    • BroadwayVez · août 12, 2015

      À Londres comme à Broadway, les différents types de doublure ont les mêmes noms : understudy, stand-by, alternate et swing. Je vais démystifier le tout dans un article à venir 🙂

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