Le temps me manque pour vous faire une critique exhaustive de la tournée américaine de The Phantom of the Opera qui joue présentement à la Place des Arts de Montréal. Tout de même, j’ai envie de vous donner mes premières impressions à propos de ce classique de Broadway. Voici mes deux coups de cœur et mes deux coups de gueule !
Points forts
- Mise en scène : ENFIN un vent de fraîcheur pour cette comédie musicale qui utilise la même mise en scène depuis 1986! Laurence Connor a réinventé ce classique avec cette nouvelle production qui roule sa bosse à travers les États-Unis et l’Europe depuis 2012. Le spectacle gagne en rythme et les transitions sont rapides. Connor s’est assuré de conserver les éléments mythiques (le bateau du fantôme, les opulentes scènes d’opéra, etc.), tout en n’hésitant pas à actualiser certaines scènes (la mascarade, le toit de l’Opéra), question de surprendre positivement ceux qui ont vu le spectacle par le passé. L’alternance entre les scènes devant et derrière le rideau était redondante dans la mise en scène originale, et Connor est venu régler ce problème en donnant aux spectateurs de nouvelles perspectives (45 degrés, à moitié devant le rideau, à moitié derrière).
- Scénographie : Ce deuxième point fort va de pair avec le premier. Connor et son scénographe Paul Brown ont fait entrer l’œuvre dans le 21e siècle avec l’utilisation de technologies modernes (ce qui manque à la production qui roule encore et toujours au Majestic Theatre de New York). La descente du Fantôme avec Christine dans les catacombes de l’Opéra Garnier est un moment fort du spectacle, alors que les marches apparaissent à mesure que les deux personnages descendent d’une structure imposante qui elle-même, est en mouvement. Les effets spéciaux surprennent et la façon dont les multiples lieux se créent est ingénieuse
Points faibles
- Distribution : La comédie musicale The Phantom of the Opera demande un niveau relevé de chant et de jeu pour bien rendre l’histoire et les chansons. Malheureusement, la distribution de cette tournée est très inégale. Derrick Davis rend très bien le rôle-titre d’un point de vue du jeu, mais semblait retenir sa voix à chaque passage. Ce personnage doit en imposer physiquement, mais surtout, vocalement. Quand il chante, les murs doivent trembler sous la puissance de sa voix. Je vous confirme que les murs de la Place des Arts sont intacts. Eva Tavares était à l’opposé de Davis dans le rôle de Christine. Sa voix était exceptionnelle, mais son jeu laissait à désirer. J’ai senti que l’actrice mettait tous ses efforts à livrer une performance vocale impeccable, mais oubliait qu’une histoire devait être racontée. Raoul est un rôle difficile à interpréter, majoritairement parce qu’il est mal écrit. Jordan Craig faisait de grands efforts pour tirer son épingle du jeu, mais il n’avait malheureusement l’air que d’un prince de Disney caricatural sans 2e et 3e niveau. Les autres personnages secondaires étaient efficaces, mais ne m’ont pas marqué d’aucune façon. Piangi et Carlotta sont toujours d’excellents comic reliefs, mais les voix des interprètes ne m’ont guère jeté par terre.
- Son : Quand on va voir une production théâtrale amateure, on tolère les petits problèmes techniques. Quand on va voir une production de calibre international (même si c’est une tournée), un son de mauvaise qualité est inacceptable. La balance de son était changeante à mesure que le spectacle avançait, mais une chose est restée identique du début à la fin : la musique enterrait les voix et le volume général était trop bas.
Au-delà de ces quelques points, The Phantom of the Opera est une œuvre immortelle qui vient toucher les spectateurs à tous coups. Le destin tragique des personnages fait son effet, même quand la sonorisation et les performances sont inégales 😉
★★★/5