Mes prédictions : Tony Awards 2019

Chaque année depuis 2007, j’écoute les Tony Awards. Pour les fans de comédies musicales, c’est notre soirée des Oscars. Notre Super Bowl. Notre Met Gala. Bref, c’est la grosse patente de l’année.

Chaque année depuis 2015, je vous partage mes prédictions. Ça n’a rien de scientifique, mais c’est l’fun. Pour moi, en tout cas. Et certaines années, je suis pas mal fier de mes résultats! La preuve :

  • 2015 : 19 sur 24
  • 2016 : 18 sur 24
  • 2017 : 12 sur 24 (ouf…)
  • 2018 : 18 sur 24

Cette année, j’ai envie de faire les choses un peu différemment. Comme je vous l’ai expliqué dans mon article sur la saison des galas à New York, une foule de remises de prix a lieu avant les Tony Awards. Ces galas sont de bons indicateurs des grandes tendances que prendront les Tony Awards, comme le sont les Golden Globes avant les Oscars. Certaines années, les résultats des Drama Desk et des Outer Critics Circle Awards sont venus faciliter mes prédictions. D’autres années, les Tony Awards ont pris une tangente différentes des autres galas, venant influencer négativement les prédictions. Bref, j’ai envie de me prêter à l’exercice des prédictions avant les galas secondaires, puis après.

C’est un petit test que je fais!
Ça va être l’fun. Pour moi, en tout cas.

**MISE À JOUR – 11 JUIN**
Une autre soirée réussie, merci à un James Corden en feu! Son numéro d’ouverture ainsi que sa parodie de la chanson de Be More Chill dans les toilettes avec Sara Bareilles, Josh Groban et Neil Patrick Harris étaient tout simplement parfaits. Hadestown, Beetlejuice, Oklahoma! et Choir Boy ont offert d’excellentes performances, tout comme Cynthia Erivo et son émouvant In memoriam. Personnellement, j’ai été déçu des performances de Tootsie et The Cher Show, qui à mes yeux ont manqué une belle occasion de vendre des billets… Côté prédictions, j’avais voulu faire les choses différemment cette année. Et malgré quelques choix différents entre le 8 mai et le 4 juin, j’arrive au même résultat : 16/26. Pas si pire!

➼ = Prédiction pré-galas (8 mai)
❋ = Prédiction post-galas (4 juin)
★ = Gagnant(e)

Meilleure comédie musicale
Ain’t Too Proud
Beetlejuice
★❋➼ Hadestown
The Prom
Tootsie

Meilleure pièce de théâtre
Choir Boy
★❋➼ The Ferryman
Gary: A Sequel to Titus Andronicus
Ink
What the Constitution Means to Me

Meilleure reprise d’une comédie musicale
Kiss Me, Kate
★❋➼ Oklahoma!

Meilleure reprise d’une pièce de théâtre
➼ All My Sons
The Boys in the Band
Burn This
Torch Song
The Waverly Gallery

Meilleur acteur dans une comédie musicale
Brooks Ashmanskas (The Prom)
Derrick Baskin (Ain’t Too Proud)
Alex Brightman (Beetlejuice)
Damon Daunno (Oklahoma!)
★❋➼ Santino Fontana (Tootsie)

Meilleure actrice dans une comédie musicale
★❋➼ Stephanie J. Block (The Cher Show)
Caitlin Kinnunen (The Prom)
Beth Leavel (The Prom)
Eva Noblezada (Hadestown)
Kelli O’Hara (Kiss Me, Kate)

Meilleur acteur dans une pièce de théâtre
Paddy Considine (The Ferryman)
★➼ Bryan Cranston (Network)
❋Jeff Daniels (To Kill a Mockingbird)
Adam Driver (Burn This)
Jeremy Pope (Choir Boy)

Meilleure actrice dans une pièce de théâtre
➼ Annette Bening (All My Sons)
Laura Donnelly (The Ferryman)
★❋Elaine May (The Waverly Gallery)
Janet McTeer (Bernhardt/Hamlet)
Laurie Metcalf (Hillary and Clinton)
Heidi Schreck (What the Constitution Means to Me)

Meilleur acteur de soutien dans une comédie musicale
★André De Shields (Hadestown)
Andy Grotelueschen (Tootsie)
❋➼ Patrick Page (Hadestown)
Jeremy Pope (Ain’t Too Proud)
Ephraim Sykes (Ain’t Too Proud)

Meilleure actrice de soutien dans une comédie musicale
Lilli Cooper (Tootsie)
Amber Gray (Hadestown)
Sarah Stiles (Tootsie)
★❋➼ Ali Stroker (Oklahoma!)
Mary Testa (Oklahoma!)

Meilleur acteur de soutien dans une pièce de théâtre
★❋➼ Bertie Carvel (Ink)
Robin De Jesús (The Boys in the Band)
Gideon Glick (To Kill a Mockingbird)
Brandon Uranowitz (Burn This)
Benjamin Walker (All My Sons)

Meilleure actrice de soutien dans une pièce de théâtre
Fionnula Flanagan (The Ferryman)
★❋➼ Celia Keenan-Bolger (To Kill a Mockingbird)
Kristine Nielsen (Gary: A Sequel to Titus Andronicus)
Julie White (Gary: A Sequel to Titus Andronicus)
Ruth Wilson (King Lear)

Meilleure musique d’une comédie musicale
Joe Iconis (Be More Chill)
Eddie Perfect (Beetlejuice)
★❋➼ Anaïs Mitchell (Hadestown)
Chad Beguelin & Matthew Sklar (The Prom)
Adam Guettel (To Kill a Mockingbird)
David Yazbek (Tootsie)

Meilleur livret d’une comédie musicale
Dominique Morisseau (Ain’t Too Proud)
Scott Brown & Anthony King (Beetlejuice)
Anaïs Mitchell (Hadestown)
Chad Beguelin & Bob Martin (The Prom)
★❋➼ Robert Horn (Tootsie)

Meilleure mise en scène dans une comédie musicale
★❋➼ Rachel Chavkin (Hadestown)
Scott Ellis (Tootsie)
Daniel Fish (Oklahoma!)
Des McAnuff (Ain’t Too Proud)
Casey Nicholaw (The Prom)

Meilleure mise en scène dans une pièce de théâtre
Rupert Goold (Ink)
★❋➼ Sam Mendes (The Ferryman)
Bartlett Sher (To Kill a Mockingbird)
Ivo van Hove (Network)
George C. Wolfe (Gary: A Sequel to Titus Andronicus)

Meilleures chorégraphies
Camille A. Brown (Choir Boy)
❋➼ Warren Carlyle (Kiss Me, Kate)
Denis Jones (Tootsie)
David Neumann (Hadestown)
★Sergio Trujillo (Ain’t Too Proud)

Meilleures orchestrations
★Michael Chorney & Todd Sickafoose (Hadestown)
Simon Hale (Tootsie)
Larry Hochman (Kiss Me, Kate)
❋➼ Daniel Kluger (Oklahoma!)
Harold Wheeler (Ain’t Too Proud)

Meilleurs décors dans une comédie musicale
Robert Brill & Peter Nigrini (Ain’t Too Proud)
Peter England (King Kong)
★Rachel Hauck (Hadestown)
Laura Jellinek (Oklahoma!)
❋➼ David Korins (Beetlejuice)

Meilleurs décors dans une pièce de théâtre
Miriam Buether (To Kill a Mockingbird)
Bunny Christie (Ink)
★➼ Rob Howell (The Ferryman)
Santo Loquasto (Gary: A Sequel to Titus Andronicus)
❋Jan Versweyveld (Network)

Meilleurs costumes dans une comédie musicale
Michael Krass (Hadestown)
William Ivey Long (Tootsie)
➼ William Ivey Long (Beetlejuice)
★❋Bob Mackie (The Cher Show)
Paul Tazewell (Ain’t Too Proud)

Meilleurs costumes dans une pièce de théâtre
★Rob Howell (The Ferryman)
❋Toni-Leslie James (Bernhardt/Hamlet)
Clint Ramos (Torch Song)
Ann Roth (To Kill a Mockingbird)
➼ Ann Roth (Gary: A Sequel to Titus Andronicus)

Meilleurs éclairages dans une comédie musicale
Kevin Adams (The Cher Show)
Howell Binkley (Ain’t Too Proud)
★❋➼ Bradley King (Hadestown)
Peter Mumford (King Kong)
Kenneth Posner & Peter Nigrini (Beetlejuice)

Meilleurs éclairages dans une pièce de théâtre
★Neil Austin (Ink)
Jules Fisher and Peggy Eisenhauer (Gary: A Sequel to Titus Andronicus)
Peter Mumford (The Feryman)
Jennifer Tipton (To Kill a Mockingbird)
❋➼ Jan Versweyveld & Tal Yarden (Network)

Meilleure conception sonore dans une comédie musicale
Peter Hylenski (King Kong)
Peter Hylenski (Beetlejuice)
Steve Canyon Kennedy (Ain’t Too Proud)
Drew Levy (Oklahoma!)
★❋➼ Nevin Steinberg & Jessica Paz (Hadestown)

Meilleure conception sonore dans une pièce de théâtre
Adam Cork (Ink)
Scott Lehrer (To Kill a Mockingbirg)
★Fitz Patton (Choir Boy)
❋Nick Powell (The Ferryman)
➼ Eric Seichim (Network)

Tony-Awards

Mes prédictions : Tony Awards 2018

À l’écriture de ces lignes, je me rends compte que l’édition 2018 sera mes onzièmes Tony Awards! C’est en juin 2007 que j’ai officiellement eu la piqûre. Stéphane Prémont, mon enseignant d’anglais de secondaire 4, avait réussi à me convaincre d’auditionner pour sa prochaine comédie musicale scolaire, Cats. J’avais fait les auditions sans trop savoir à quoi m’attendre, j’avais obtenu l’un des rôles principaux (un chat appelé Munkustrap) et je me lançais là-dedans sans trop savoir où ça allait mener.

Début du mois de juin de la même année, je discute avec Stéphane et il me parle des Tony Awards.
« Les Tony quoi? ».
« Les Tony Awards! Les Oscars de Broadway! »

Le 10 juin 2007, je syntonise CBS et ma vie bascule. Littéralement. Cats avait été mon introduction à la comédie musicale, mais je ne peux pas dire que cette oeuvre étrange mettant en scène des chats qui chantent et dansent m’avait convaincu que Broadway était la 8e merveille du monde. Par contre, ce soir de juin, j’ai vu le meilleur de ce que Broadway pouvait offrir. Mes idées préconçues étaient fracassées!

En l’espace de quelques minutes, Audra McDonald et John Cullum entonnaient un air de 110 in the Shade, Raul Esparza me faisait découvrir le monument qu’est Stephen Sondheim avec son interprétation spectaculaire de ce qui est encore aujourd’hui ma chanson préférée (« Being Alive » de Company) et finalement, la troupe originale de Spring Awakening envoyait chier la planète au grand complet avec un medley de « Bitch of a Living » et « Totally Fucked ». J’avais la gueule à terre. Littéralement.

Tout ça pour dire qu’il y a onze ans, la combinaison Stéphane Prémont/Tony Awards 2007 me donnait la piqûre de la comédie musicale.

L’édition du 10 juin 2018 sera particulière! Tous les experts s’entendent, c’est une année relativement faible en frais de nouvelles comédies musicales*. Les productions qui partent en tête de peloton (Mean GirlsSpongeBob SquarePants et The Band’s Visit) sont de bons divertissements, mais ne passeront pas à l’histoire. Si ces oeuvres avaient été en compétition dans les années précédentes, je doute qu’elles auraient récolté ne serait-ce que quelques nominations. Par contre, les Tonys ont toujours quelque chose de magique et avec le duo Sara Bareilles-Josh Groban à l’animation, je suis convaincu qu’on** aura un excellent spectacle!

*Quand des pièces de théâtre viennent s’immiscer dans des catégories de comédies musicales, c’est un bon indicateur du niveau de qualité et de profondeur (Angels in America pour le prix de la Meilleure trame sonore et Harry Potter pour le prix des Meilleures chorégraphies…)
**«On» exclut la personne qui parle… Et oui, pour la première fois en 11 ans, je ne pourrai pas écouter les Tony Awards. Je serai en Californie pour le travail. Y’a pire comme empêchement! Merci à Twitter qui me permettra tout de même de suivre le gala en direct.

Mes prédictions
Habituellement, les précédents galas sont de bons indicateurs pour les Tony Awards. Les productions qui remportent des prix aux Outer Critics Circle Awards et aux Drama Desk Awards sont souvent récompensées lors des Tony Awards. Pour la troisième année consécutive, cet indicateur ne peut nous aider puisque la comédie musicale qui est favorite (Hamilton en 2016, Dear Evan Hansen en en 2017 et The Band’s Visit en 2018) n’était pas éligible aux autres galas. En effet, puisque ces pièces ont joué dans un théâtre de catégorie Off-Broadway lors de la saison théâtrale précédente, elles n’étaient pas éligibles cette année (il n’y a que les Tony Awards qui récompensent uniquement les productions de catégorie Broadway). C’est donc un défi supplémentaire qui attend les freaks comme moi qui font des prédictions!

UPDATE : Très fier d’avoir obtenu un résultat de 18/24 pour mes prédictions. Quel triomphe de The Band’s Visit avec 9 statuettes!

➨ = Prédiction
★ = Gagnant(e)

Meilleure comédie musicale
★➨The Band’s Visit
Mean Girls
Frozen
SpongeBob SquarePants

Meilleure pièce de théâtre
★➨Harry Potter and the Cursed Child
Farinelli and the King
The Children
Junk
Latin History for Morons

Meilleure reprise d’une comédie musicale
Carousel
My Fair Lady
Once On This Island

Meilleure reprise d’une pièce de théâtre
★➨Angels in America
Three Tall Women
The Iceman Cometh
Lobby Hero
Travesties

Meilleur acteur dans une comédie musicale
Harry Hadden-Paton (My Fair Lady)
Joshua Henry (Carousel)
★Tony Shaloub (The Band’s Visit)
➨Ethan Slater (SpongeBob SquarePants)

Meilleure actrice dans une comédie musicale
Lauren Ambrose (My Fair Lady)
Hailey Kilgore (Once On This Island)
LaChanze (Summer)
★➨Katrina Lenk (The Band’s Visit)
Taylor Louderman (Mean Girls)
Jessie Mueller (Carousel)

Meilleur acteur dans une pièce de théâtre
★➨Andrew Garfield (Angels in America)
Tom Hollander (Travesties)
Jamie Parker (Harry Potter and the Cursed Child)
Mark Rylance (Farinelli and the King)
Denzel Washington (The Iceman Cometh)

Meilleure actrice dans une pièce de théâtre
★➨Glenda Jackson (Three Tall Women)
Condola Rashad (Saint Joan)
Lauren Ridloff (Children of a Lesser God)
Amy Schumer (Meteor Shower)

Meilleur acteur de soutien dans une comédie musicale
➨Norbert Leo Butz (My Fair Lady)
Alexander Gemignani (Carousel)
Grey Henson (Mean Girls)
Gavin Lee (SpongeBob SquarePants)
★Ari’el Stachel (The Band’s Visit)

Meilleure actrice de soutien dans une comédie musicale
Ariane DeBose (Summer)
Renée Fleming (Carousel)
★➨Lindsay Mendez (Carousel)
Ashley Park (Mean Girls)
Diana Rigg (My Fair Lady)

Meilleur acteur de soutien dans une pièce de théâtre
Anthony Boyle (Harry Potter and the Cursed Child)
Michael Cera (Lobby Hero)
Brian Tyree Henry (Lobby Hero)
★➨Nathan Lane (Angels in America)
David Morse (The Iceman Cometh)

Meilleure actrice de soutien dans une pièce de théâtre
Susan Brown (Angels in America)
Noma Dumezweni (Harry Potter and the Cursed Child)
Deborah Findlay (The Children)
➨Denise Gough (Angels in America)
★Laurie Metcalf (Three Tall Women)

Meilleure musique d’une comédie musicale
Adrian Sutton (Angels in America)
★➨David Yazbeck (The Band’s Visit)
Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez (Frozen)
Jeff Richmond et Nell Benjamin (Mean Girls)
17 compositeurs, dont Steven Tyler, Sara Bareilles, Lady Antebellum, Cyndi Lauper, John Legend, et T.I. (SpongeBob Square Pants)

Meilleur livret d’une comédie musicale
Jennifer Lee (Frozen)
➨Tina Fey (Mean Girls)
Kyle Jarrow (SpongeBob SquarePants)
★Itamar Moses (The Band’s Visit)

Meilleure mise en scène dans une comédie musicale
Michael Arden (Once On This Island)
★➨David Cromer (The Band’s Visit)
Tina Landau (SpongeBob Square Pants)
Casey Nicholaw (Mean Girls)
Bartlett Sher (My Fair Lady)

Meilleure mise en scène dans une pièce de théâtre
Marianne Elliott (Angels in America)
Joe Mantello (Three Tall Women)
Patrick Marber (Travesties)
★➨John Tiffany (Harry Potter and the Cursed Child)
George C. Wolfe (The Iceman Cometh)

Meilleures chorégraphies
Christopher Gattelli (My Fair Lady)
Christopher Gattelli (SpongeBob Square Pants)
Steven Hoggett (Harry Potter and the Cursed Child)
Casey Nicholaw (Mean Girls)
★➨Justin Peck (Carousel)

Meilleures orchestrations
John Clancy (Mean Girls)
Tom Kitt (SpongeBob Square Pants)
Annmarie Milazzo et Michael Starobin (Once On This Island)
★Jamshied Sharifi (The Band’s Visit)
➨Jonathan Tunick (Carousel)

Meilleurs costumes dans une comédie musicale
Gregg Barnes (Mean Girls)
Clint Ramos (Once On This Island)
Ann Roth (Carousel)
David Zinn (SpongeBob SquarePants)
★Catherine Zuber (My Fair Lady)

Meilleurs costumes dans une pièce de théâtre
Jonathan Fensom (Farinelli and the King)
Nicky Gillibrand (Angels in America)
★➨Katrina Lindsay (Harry Potter and the Cursed Child)
Ann Roth (Three Tall Women)
Ann Roth (The Iceman Cometh)

Meilleurs décors dans une comédie musicale
Dana Laffrey (Once On This Island)
Scott Pask (The Band’s Visit)
Scott Pask, Finn Ross et Adam Young (Mean Girls)
Michael Yeargan (My Fair Lady)
★➨David Zinn (SpongeBob SquarePants)

Meilleurs décors dans une pièce de théâtre
Miriam Buether (Three Tall Women)
Jonathan Fensom (Farinelli and the King)
★➨Christine Jones (Harry Potter and the Cursed Child)
Santo Loquasto (The Iceman Cometh)
Ian MacNeil et Edward Pierce (Angels in America)

Meilleurs éclairages dans une comédie musicale
➨Kevin Adams (SpongeBob SquarePants)
Jules Fisher and Peggy Eisenhauer (Once On This Island)
Donald Holder (My Fair Lady)
Brian MacDevitt (Carousel)
★Tyler Micoleau (The Band’s Visit)

Meilleurs éclairages dans une pièce de théâtre
★➨Neil Austin (Harry Potter and the Cursed Child)
Paul Constable (Angels in America)
Jules Fisher and Peggy Eisenhauer (The Iceman Cometh)
Paul Russell (Farinelli and the King)
Ben Stanton (Junk)

Meilleure conception sonore dans une comédie musicale
★Kai Harada (The Band’s Visit)
Peter Hylenski (Once On This Island)
Scott Lehrer (Carousel)
Brian Ronan (Mean Girls)
➨Walter Trarbach et Mike Dobson (SpongeBob SquarePants)

Meilleure conception sonore dans une pièce de théâtre
Adam Cork (Travesties)
Ian Dickinson (Angels in America)
★➨Gareth Fry (Harry Potter and the Cursed Child)
Tom Gibbons (1984)
Dan Moses Schreier (The Iceman Cometh)

Tony-Awards

Hip hop, métal et électro sur Broadway

«La musique de comédies musicales, ça sonne toujours pareil»

Combien de fois ai-je entendu cette phrase?
Bien que cet énoncé soit complètement faux, je dois avouer que je peux le comprendre.

«Quoi? BroadwayVez trouve que toutes les comédies musicales sonnent pareil?!»

Ben non.

Par contre, si je me mets dans la peau de quelqu’un qui ne s’intéresse pas à Broadway et dont le seul référent est matante Jacqueline qui écoute La Mélodie du Bonheur tous les 24 décembre au matin et qui casse les oreilles de tout le monde au réveillon en chantant «Do Ré Mi» à minuit avec un verre dans le nez, je peux comprendre.

La culture québécoise n’est pas tournée vers le théâtre musical comme ça peut l’être aux États-Unis ou en Europe. Par contre, j’ai toujours dit qu’il y a une comédie musicale pour tout le monde. Peu importe le style musical qu’une personne affectionne, je peux trouver une œuvre qui lui plaira.

Un gars me dit qu’il écoute beaucoup de classic rock? Je ne lui présenterai pas les trames sonores parlées-chantées atonales de Sondheim!
Une fille me dit qu’elle a son iPod rempli de Katy Perry et de Lady Gaga? Je ne lui ferai pas écouter l’œuvre titanesque de Rodgers & Hammerstein.

Au-delà du style musical classique de Broadway influencé par le jazz, le rock et la pop sont maintenant omniprésents dans le paysage du théâtre musical depuis des décennies. Que ce soit avec Hair, Rent ou Next to Normal, le rock a sa place sur Broadway. Côté pop, les sonorités actuelles en vogue au Billboard 100 ont toujours eu une résonnance en comédie musicale.

Aujourd’hui, j’ai envie de sortir des sentiers battus et de vous présenter des œuvres parfois obscures, parfois connues, dont la trame sonore est originale!

 

HIP HOP

Probablement le style musical qui permet le mieux de raconter une histoire, le hip hop est un art poétique où les mots priment sur la musique. En considérant qu’une chanson de comédie musicale a d’abord l’objectif de raconter quelque chose, il est surprenant que le hip hop ne soit arrivé sur Broadway qu’au milieu des années 2000 (par contre, je continue de croire que Sondheim a touché au rap dans le monologue d’entrée de la Sorcière dans Into the Woods). Voici donc ma sélection d’œuvres dignes de mention :

  • In The Heights : Chaque fanatique de comédie musicale peut citer l’œuvre qui lui a donné la piqûre. Toute une génération mentionne Rent. Les plus jeunes parlent de Wicked. Pour moi, c’est In The Heights. J’aimais déjà le théâtre musical, mais c’est la trame sonore hip hop empreinte de rythmes latins qui m’a fait passer de «simple fan de Broadway» à «lecteur-compulsif-de-tout-ce-qui-a-été-écrit-en-la-matière et fanatique-fini-à-la-frontière-de-la-maladie-mentale». Oui oui, c’est ce qui est écrit sur ma carte d’affaires… Bref, In The Heights est une œuvre riche à l’histoire bien ficelée qui a amené un flot de nouvelles sonorités au théâtre musical moderne.
  • Holler If Ya Hear Me : Tupac est au hip hop ce qu’Elvis est au rock ‘n’ roll. Et si Elvis a eu une comédie musicale inspirée de son époque avec une trame sonore remplie de ses succès (All Shook Up, paru en 2005), Tupac aussi! Un autre point commun entre les deux artistes? Cette adaptation sur Broadway a été un flop. Malgré tout, Holler If Ya Hear Me avait un fort potentiel, avec son histoire originale, son équipe de création menée par l’excellent metteur en scène Kenny Leon et sa distribution toutes étoiles avec le poète Saul Williams et l’acteur Christopher Jackson (Fait divers : ce dernier était de la distribution originale des 3 œuvres de cette rubrique. Bref, le gars sait rapper!)
  • Hamilton : À la première écoute de la trame sonore d’Hamilton, on comprend qu’avec In The Heights, Lin-Manuel Miranda se pratiquait. On pensait que l’œuvre de 2008 était une révolution, mais ce n’était que l’entrée avant le repas principal! Hamilton n’a plus besoin de présentation, étant le plus gros succès de Broadway depuis que New York est peuplé par des êtres humains (oui oui, rien de moins). Le succès est fracassant, le spectacle est ingénieux et la trame sonore dépasse largement les frontières du théâtre musical, ayant atteint les plus hauts sommets du Billboard, se positionnant parmi les albums les plus vendus de 2016 aux côtés d’Adele, Drake et Beyoncé. La seule question qui reste : qu’est-ce que Miranda nous prépare comme dessert?

 

MÉTAL

Style musical souvent incompris des néophytes, le métal est probablement l’un des genres les plus complexes qui regroupent les plus grands musiciens de notre époque. Au 21e siècle, les rappeurs sont les Rimbaud de notre époque et les musiciens de métal eux, en sont les Beethoven. L’intensité de ce style est empreinte d’émotions, ce qui en fait un genre de prédilection pour raconter une histoire. Voici quelques titres à explorer :

  • Prometheus Bound : System of a Down est probablement l’un des groupes métal qui a connu le plus grand succès mainstream dans les dernières années. Étant fan moi-même (je ne sors jamais courir sans «B.Y.O.B.»), vous devinerez ma réaction quand j’ai su que le chanteur de la formation, Serj Tankian, travaillait avec Steven Sater (auteur-parolier de Spring Awakening) sur une comédie musicale basée sur le mythe grec de Prométhée! Créé en 2011 à Boston, le spectacle était mis en scène dans une arène où le public entourait les interprètes. Peu d’extraits existent, mais il n’y a pas de doute que l’œuvre avait tout pour plaire aux fans de métal. On croise les doigts pour que la comédie musicale soit reprise dans un futur proche!
  • Sweeney Todd – Prog Metal Version : En 2014, la Landless Theatre Company de Washington a reçu la permission de Stephen Sondheim de transposer en prog-métal la trame sonore de sa comédie musicale Sweeney Todd, parue en 1979. Sa seule condition? Ne pas changer une virgule du texte, des paroles et de l’histoire. Pour bien des œuvres de théâtre musical, une telle réécriture des partitions nécessiterait des changements à l’histoire pour rendre le tout crédible. Avec Sweeney Todd, tout y est déjà : histoire sanglante, personnages plus grands que nature, drame, cynisme, etc. On est déjà au beau milieu d’un film de Rob Zombie. Il ne manquait qu’une trame sonore aux guitares lourdes! Question de droits d’auteur, il n’existe pas d’extraits de cette production professionnelle. Pour vous montrer comment l’adaptation fonctionne, voici une interprétation de Dee Snider, chanteur de Twisted Sisters.
  • Operation: Mindcrime : Adam Pascal n’a plus besoin d’introduction dans le monde de la comédie musicale. L’acteur a prêté son exceptionnelle voix rock à de nombreux personnages, dont Roger dans Rent et Radames dans Aida. En constante recherche de repousser les limites de sa voix, il annonçait en 2009 qu’il travaillait sur une adaptation théâtrale de l’album concept Operation: Mindcrime du groupe métal Queensrÿche. Aucune annonce officielle de production n’a été faite à l’écriture de ces lignes, mais il n’y a pas de doute que cette future comédie musicale saura ravir les fans de métal.

 

ÉLECTRO

Ma découverte personnelle des dernières années! Contrairement au hip hop et au métal que j’appréciais avant de découvrir les comédies musicales, j’ai appris à aimer la musique électro grâce aux œuvres que je vous présenterai ci-après. L’électro fait partie du paysage musical depuis plusieurs décennies, mais son arrivée dans le monde du théâtre musical est relativement récente. Je ne parle pas ici de musique pop aux discrets synthétiseurs. Je parle de réelle musique électro, dans la veine de Daft Punk, Twenty One Pilots ou même David Bowie! Sans plus attendre, voici trois œuvres qui sauront plaire aux amateurs du genre.

  • American Psycho : Les premiers balbutiements électroniques sur Broadway peuvent être attribués à Duncan Sheik avec Spring Awakening, mais c’était subtil, la partition tombant davantage dans le genre folk. Par contre, avec American Psycho, Sheik a sorti les synthétiseurs et les drum machines pour créer en 2013 une oeuvre complètement «1987», à l’image de la trame sonore qu’écouterait le personnage principal. Ceux qui ont lu le livre ou vu le film de 2000 avec Christian Bale se rappelleront l’obsession de l’antagoniste pour Huey Lewis, Tears for Fears et Phil Collins. Et bien sachez qu’à travers la trame sonore originale de Duncan Sheik, l’auteur-compositeur s’est amusé à intégrer «Hip to Be Square», «Everybody Wants to Rule the World» et «In The Air Tonight».
  • Here Lies Love : Qui de mieux pour écrire une comédie musicale électro qu’un artiste qui a contribué à ce genre dans la culture populaire? C’est au DJ Fatboy Slim qu’on doit cette œuvre éclatée qui raconte la vie de la Première dame des Philippines, Imelda Marcos, à la manière d’un concert musical. Ah et j’oubliais : le collaborateur de Fatboy Slim n’était nul autre que David Byrne, des Talking Heads. Après avoir connu du succès Off-Broadway, à Londres et à Seattle, l’œuvre devrait voir le jour sur Broadway dans un futur proche!
  • Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812 : À l’écoute de la trame sonore de cette nouvelle comédie musicale, on peut y trouver autant de styles musicaux que de mots dans son titre. L’œuvre se déroulant à Moscou au 19e siècle, l’auteur-compositeur Dave Malloy a opté pour des ères folk où l’on sent l’influence de la musique traditionnelle russe. Ajoutez aux cordes et à l’accordéon des synthétiseurs et des drum machines et vous avez ce que le créateur lui-même décrit comme un «electropop opera». Pourquoi tenter de mettre une étiquette à l’œuvre quand on peut simplement apprécier le résultat novateur et entraînant? Bonne écoute!

Mes prédictions : Tony Awards 2017

Le 11 juin prochain, c’est la grande messe du théâtre new-yorkais : les Tony Awards! Ce gala clôt la saison théâtrale 2016-2017 en remettant 24 prix d’importance. Avant d’aller plus loin, je vous propose un petit aperçu de la saison avec mon survol des pièces majeures et ma rétrospective des multiples remises de prix à New York.

Depuis que je m’intéresse aux comédies musicales et à Broadway, je m’amuse à faire mes prédictions, comme on le fait avant les séries éliminatoires au football ou au hockey! Alors qu’habituellement 50% de mes prédictions se confirment, l’an dernier je me suis surpris moi-même en donnant ma 2e meilleure performance à vie : 18 prédictions gagnantes sur 24!

Mes prédictions
Habituellement, les précédents galas sont de bons indicateurs pour les Tony Awards. Les productions qui remportent des prix aux Outer Critics Circle Awards et aux Drama Desk Awards sont souvent récompensés lors des Tony Awards. Cette année, il est plus difficile de suivre cette tendance parce que les nouvelles comédie musicale Dear Evan Hansen et Natasha, Pierre & the Great Comet of 1812, n’était pas éligible aux autres galas. En effet, puisque les pièces ont joué dans un théâtre de catégorie Off-Broadway lors de précédentes saisons, elles n’étaient pas éligibles cette années (il n’y a que les Tony Awards qui récompensent uniquement les productions de catégorie Broadway). C’est donc un défi supplémentaire qui attend les freaks comme moi qui font des prédictions!

*MISE À JOUR (14 juin 2017) : Quelle drôle de soirée! Non pas parce que j’ai seulement réussi 12 prédictions sur 24, mais parce que j’ai rarement été déçu d’une édition des Tony Awards! Contrairement aux critiques, j’ai apprécié l’animation de Kevin Spacey. Ce n’était pas du calibre de Neil Patrick Harris ou James Corden, mais il a su trouver le moyen d’être présent et pertinent, sans trop prendre le plancher et voler la vedette aux autres intervenants. Là où j’ai été déçu, c’est dans le choix des numéros musicaux présentés par les comédies musicales. Mis à part The Great Comet of 1812 et Bandstand, les productions sont passées complètement à côté d’une occasion en or d’accrocher le public et vendre des billets. Je vous le confirme : quatre minutes de performance aux Tony Awards coûte moins cher qu’un billboard dans Times Square et le retour sur investissement est faramineux. Il faut simplement présenter le bon numéro qui saura jeter le public à terre! Mon prix citron de la performance mal choisie va à Miss Saigon. Plutôt que d’y aller avec un numéro puissant comme «Bui Doi» ou un showstopper comme «The American Dream», les producteurs ont opté pour une séquence théâtrale ou le personnage principal tue le père de son enfant. Bref, le choix parfait (#not)! Au final, je prévoyais un rude combat entre The Great Comet of 1812 et Dear Evan Hansen, et c’est ce dernier qui a finalement eu le dessus en remportant les catégories principales.
(Ci-dessous : les gagnants sont identifiés d’un )

➨ = Prédiction

Meilleure comédie musicale
Come From Away
Dear Evan Hansen
Groundhog Day
Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812

Meilleure pièce de théâtre
A Doll’s House, Part 2
Indecent
◆➨Oslo
Sweat

Meilleure reprise d’une comédie musicale
Falsettos
◆➨Hello, Dolly!
Miss Saigon

Meilleure reprise d’une pièce de théâtre
Jitney
The Little Foxes
Present Laughter
Six Degrees of Separation

Meilleur acteur dans une comédie musicale
Christian Borle (Falsettos)
Josh Groban (Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812)
David Hyde Pierce (Hello, Dolly!)
Andy Karl (Groundhog Day)
◆➨Ben Platt (Dear Evan Hansen)

Meilleure actrice dans une comédie musicale
Denée Benton (Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812)
Christine Ebersole (War Paint)
Patti LuPone (War Paint)
◆➨Bette Midler (Hello, Dolly!)
Eva Noblezada (Miss Saigon)

Meilleur acteur dans une pièce de théâtre
Denis Arndt (Heisenberg)
Chris Cooper (A Doll’s House, Part 2)
Corey Hawkins (Six Degrees of Separation)
◆➨Kevin Kline (Present Laughter)
Jefferson Mays (Oslo)

Meilleure actrice dans une pièce de théâtre
Cate Blanchett (The Present)
Jennifer Ehle (Oslo)
Sally Field (The Glass Menagerie)
➨Laura Linney (The Little Foxes)
◆Laurie Metcalf (A Doll’s House, Part 2)

Meilleur acteur de soutien dans une comédie musicale
◆➨Gavin Creel (Hello, Dolly!)
Mike Faist (Dear Evan Hansen)
Andrew Rannells (Falsettos)
Lucas Steele (Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812)
Brandon Uranowitz (Falsettos)

Meilleure actrice de soutien dans une comédie musicale
Kate Baldwin (Hello, Dolly!)
◆Rachel Bay Jones (Dear Evan Hansen)
Stephanie J. Block (Falsettos)
➨Jenn Colella (Come From Away)
Mary Beth Peil (Anastasia)

Meilleur acteur de soutien dans une pièce de théâtre
◆Michael Aronov (Oslo)
➨Danny DeVito (The Price)
Nathan Lane (The Front Page)
Richard Thomas (The Little Foxes)
John Douglas Thompson (Jitney)

Meilleure actrice de soutien dans une pièce de théâtre
Johanna Day (Sweat)
Jayne Houdyshell (A Doll’s House, Part 2)
◆➨Cynthia Nixon (The Little Foxes)
Condola Rashad (A Doll’s House, Part 2)
Michelle Wilson (Sweat)

Meilleure musique d’une comédie musicale
Come From Away (David Hein and Irene Sankoff)
Dear Evan Hansen (Benj Pasek and Justin Paul)
Groundhog Day (Tim Minchin)
Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812 (Dave Malloy)

Meilleur livret d’une comédie musicale
➨Come From Away (David Hein and Irene Sankoff)
Dear Evan Hansen (Steven Levenson)
Groundhog Day (Danny Rubin)
Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812 (Dave Malloy)

Meilleure mise en scène dans une comédie musicale
◆Christopher Ashley (Come From Away)
➨Rachel Chavkin (Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812)
Michael Greif (Dear Evan Hansen)
Matthew Warchus (Groundhog Day)
Jerry Zaks (Hello, Dolly!)

Meilleure mise en scène dans une pièce de théâtre
Sam Gold (A Doll’s House, Part 2)
➨Ruben Santiago-Hudson (Jitney)
Bartlett Sher (Oslo)
Daniel Sullivan (The Little Foxes)
◆Rebecca Taichman (Indecent)

Meilleures chorégraphies
◆➨Andy Blankenbuehler (Bandstand)
Peter Darling and Ellen Kane (Groundhog Day)
Kelly Devine (Come From Away)
Denis Jones (Holiday Inn)
Sam Pinkleton (Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812)

Meilleures orchestrations
Bill Elliott and Greg Anthony Rassen (Bandstand)
Larry Hochman (Hello, Dolly!)
◆Alex Lacamoire (Dear Evan Hansen)
➨Dave Malloy (Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812)

Meilleurs costumes dans une comédie musicale
Linda Cho (Anastasia)
Santo Loquasto (Hello, Dolly!)
◆Paloma Young (Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812)
➨Catherine Zuber (War Paint)

Meilleurs costumes dans une pièce de théâtre
◆➨Jane Greenwood (The Little Foxes)
Susan Hilferty (Present Laughter)
Toni-Leslie James (Jitney)
David Zinn (A Doll’s House, Part 2)

Meilleurs décors dans une comédie musicale
Rob Howell (Groundhog Day)
David Korins (War Paint)
◆➨Mimi Lien (Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812)
Santo Loquasto (Hello, Dolly!)

Meilleurs décors dans une pièce de théâtre
David Gallo (Jitney)
◆Nigel Hook (The Play That Goes Wrong)
Douglas W. Schmidt (The Front Page)
➨Michael Yeargan (Oslo)

Meilleurs éclairages dans une comédie musicale
Howell Binkley (Come From Away)
Natasha Katz (Hello, Dolly!)
◆➨Bradley King (Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812)
Japhy Weideman (Dear Evan Hansen)

Meilleurs éclairages dans une pièce de théâtre
◆➨Christopher Akerlind (Indecent)
Jane Cox (Jitney)
Donald Holder (Oslo)
Jennifer Tipton (A Doll’s House, Part 2)

Tony-Awards

Coup d’oeil sur la saison 2016-2017

Sur Broadway, la saison théâtrale est définie par les dates importantes imposées par le gala le plus prestigieux : les Tony Awards. Comme à Hollywood où la fin d’une saison est la date limite d’éligibilité aux Oscars, à New York c’est le 1er mai qui fait office de date butoir. C’est donc dire qu’une production théâtrale qui ouvre sur Broadway le 2 mai 2016 ne sera pas éligible aux Tony Awards de 2016, mais plutôt à ceux de 2017.

L’an dernier, les 5 productions dont je vous ai parlé en vue de la saison 2015-2016 n’ont pas toutes connu un grand succès. Dans une saison fortement dominée par Hamilton et ses 11 Tony Awards (#1 sur ma liste), d’excellentes œuvres comme Allegiance (#5) et American Psycho (#2) ont fermé prématurément alors que d’autres comme She Loves Me (#4) et School of Rock (#3) ont tout de même réussi à trouver une audience.

Voici donc les 5 comédies musicales à surveiller pour la saison 2016-2017 :

5) AMÉLIE
Vous vous rappelez du long-métrage Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain réalisé par Jean-Pierre Jeunet et qui a projeté l’actrice Audrey Tautou au rang de superstar internationale? C’est l’auteur Craig Lucas à qui l’on doit la formidable comédie musicale The Light in the Piazza qui a eu l’idée d’adapter le film pour Broadway. La première production a eu lieu à Berkeley en Californie avec en tête d’affiche Samantha Barks, l’actrice britannique qu’on a connue grâce au film Les Misérables. Dix-huit mois de réécriture plus tard, la comédie musicale est fin prête pour sa grande première sur Broadway. Cette fois-ci, c’est Phillipa Soo, qu’on a découvert dans Hamilton, qui tiendra le rôle de l’excentrique Amélie. La production verra le jour en mars 2017 au Walter Kerr Theatre.

amelie-broadway

4) FALSETTOS
Seul revival de mon palmarès, Falsettos est une reprise de l’œuvre en deux parties de James Lapine et William Finn qui a d’abord vu le jour Off-Broadway dans les années 80. En effet, les deux courtes comédies musicales March of the Falsettos et Falsettoland ont successivement pris l’affiche du Playwrights Horizons en 1981 et 1990. Quand est venu le temps de déménager l’œuvre sur Broadway, les auteurs ont décidé de fusionner les deux pièces pour créer Falsettos, paru en 1992. La comédie musicale raconte la vie de Marvin, un père de famille récemment divorcé qui tente désespérément de retrouver une vie familiale standard avec son fils Jason, son ex-femme Trina et son nouvel amour, un homme appelé Whizzer. Situé au tournant des années 80 à New York, Falsettos est une œuvre touchante qui, aux côtés des pièces Angels in America et Torch Song Trilogy à la même époque, a donné une voix forte aux homosexuels dans le paysage culturel américain. La distribution toutes étoiles compte sur Christian Borle (Something Rotten!), Andrew Rannells (The Book of Mormon), Stephanie J. Block (Wicked), Tracie Thoms (Rent) et Betsie Wolfe (The Last Five Years) pour faire briller cette œuvre phare du théâtre américain contemporain.

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3) CHARLIE AND THE CHOCOLATE FACTORY
Le livre de Roald Dahl est un classique de la littérature, le film avec Gene Wilder est un succès culte et le long-métrage avec Johnny Depp est un incontournable. Avec une feuille de route semblable, personne n’était surpris lorsque les auteurs-compositeurs Marc Shaiman et Scott Wittman, à qui l’on doit Hairspray et Bombshell, ont annoncé qu’ils travaillaient sur une adaptation théâtrale de l’œuvre! Le succès était garanti et c’est exactement ce qui s’est produit lorsque la comédie musicale a ouvert ses portes à Londres en 2013. Les critiques ont été très mitigées et la production a remporté peu de prix, mais le public était au rendez-vous si bien que le spectacle a tenu l’affiche pendant près de quatre ans. Les producteurs savent cependant que sur Broadway, une adaptation d’un livre populaire n’est pas garant d’un succès et c’est pourquoi ils ont changé l’équipe de création pour amener l’œuvre à New York. Shaiman et Wittman ont retravaillé leur pièce tout en s’entourant de collaborateurs de longue date avec qui ils ont connu du succès par le passé. C’est donc Jack O’Brien (Hairspray, Catch Me If You Can) qui reprend la mise en scène avec Joshua Bergasse (Smash) aux chorégraphies et Christian Borle (Smash) dans le coloré rôle de Willy Wonka. Le 23 avril prochain, tous les yeux seront rivés sur la nouvelle mouture de Charlie and the Chocolate Factory qui prendra l’affiche du Lunt-Fontanne avec la promesse de ses producteurs d’être un succès monstre!

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2) NATASHA, PIERRE & THE GREAT COMET OF 1812
Le chanteur Josh Groban flirt avec Broadway depuis plus d’une décennie, ayant participé à de nombreux concerts-bénéfices et lançant en 2015 l’album Stages composé exclusivement de chansons de comédie musicale. Depuis quelques années, les rumeurs s’intensifient, certaines l’envoyant tenir le rôle-titre dans The Phantom of the Opera et d’autres le plaçant en tête d’affiche d’un revival de Company ou Chess. À l’automne 2016, le baryton à la voix puissante fera enfin ses débuts sur Broadway, mais dans une œuvre complètement originale et éclatée nommée Natasha, Pierre & The Great Comet of 1812. La comédie musicale basée sur le livre Guerre et Paie de Leo Tolstoy bénéficie d’une trame sonore unique de Dave Malloy, mélangeant des sonorités d’ancien folk russe à de l’indie rock et de l’électro-dance. L’œuvre « ovni » a frappé fort dès sa première production à New York en 2012, loin du district des théâtres. En effet, un chapiteau a été érigé en plein Meatpacking District pour abriter la reproduction d’un ancien restaurant clandestin russe où le public s’assoit pour apprécier le spectacle qui se déroule autour d’eux. Dès la sortie des premières critiques, de nombreux producteurs se sont montrés intéressés à amener l’œuvre sur Broadway. À ce moment, la question qui était sur toutes les lèvres était la suivante : comment peut-on transposer cette ambiance unique et disjonctée dans un théâtre conventionnel? La réponse est simple, mais peu abordable : prendre un théâtre conventionnel et le rénover complètement pour reproduire l’intérieur du chapiteau! Après plusieurs mois de travaux, l’Imperial Theatre de la 45e Rue est fin prêt à recevoir cette nouvelle comédie musicale révolutionnaire. Reste à voir si le public conservateur de Broadway saura apprécier cette histoire unique aux sonorités contemporaines.

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1) DEAR EVAN HANSEN
Dans une saison haute en couleurs où Disney produira Anastasia, où Cameron Mackintosh ramènera Miss Saigon et où Bette Midler tiendra le rôle-titre dans un revival d’Hello Dolly!, je choisis d’écarter ces trois mégaproductions de ma liste pour laisser la place à une œuvre intimiste et artistiquement forte. Dear Evan Hansen, du jeune duo d’auteurs-compositeurs Pasek & Paul a frappé fort à son arrivée à New York l’an dernier, dans un petit théâtre de catégorie Off-Broadway. Comme l’a démontré Fun Home en 2015, c’est rarement la somme d’argent investie dans un spectacle qui garantit un succès, mais plutôt la qualité de ce dernier. Je ne dis pas ici qu’Anastasia, Miss Saigon et Hello Dolly! ne seront pas des productions de qualité, mais quand on enlève les décors titanesques et les costumes exubérants, une œuvre comme Dear Evan Hansen se démarque par son humanité et sa véracité. L’histoire commence après le suicide de Connor, un adolescent dans la classe d’Evan Hansen. Bien que les deux jeunes n’étaient pas amis, ce dernier décide d’arrêter d’être invisible aux yeux de tous et fait croire aux parents du défunt qu’il était son meilleur ami. Evan aide donc la famille de Connor à faire leur deuil, produisant de faux courriels pour supporter son mensonge et tombant tranquillement amoureux de la sœur du défunt. Combien de temps Evan, qui a enfin trouvé une utilité à sa vie, réussira-t-il à tenir son mensonge? Là est la question! Avec à sa barre le metteur en scène Michael Greif, un artiste respecté qui a fait sa marque en dirigeant des œuvres humaines et touchantes comme Rent et Next to Normal, la comédie musicale aux sonorités contemporaines et rock charmera assurément les foules, les critiques ainsi que les voteurs de Tony Awards. Le jeune acteur Ben Platt (Pitch Perfect, The Book of Mormon) tient le demandant rôle-titre dans une distribution bondée de vétérans de la scène new-yorkaise. C’est une promesse, vous entendrez souvent Dear Evan Hansen lors des Tony Awards de juin 2017!

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*Je tiens à conclure ce billet en vous parlant d’un fait inusité qui pourrait se produire cette année. L’excellent acteur Christian Borle tiendra le rôle principal masculin dans Falsettos cet automne, pour ensuite interpréter Willie Wonka dans Charlie and the Chocolate Factory au printemps. Borle pourrait donc devenir le premier acteur de l’histoire des Tony Awards a être nominé deux fois dans la même catégorie : Best Actor in a Leading Role in a Musical. Il est arrivé par le passé qu’un interprète soit nominé deux fois, mais c’était dans deux catégories différentes (en 2014, Mark Rylance avait réussi l’exploit). Lors de l’annonce des nominations pour les 71e Tony Awards, Christian Borle pourrait donc se retrouver en compétition… contre lui-même! Rappelons que l’acteur a déjà remporté deux statuettes, pour Peter and the Starcatcher (2012) et Something Rotten! (2015).

À New York en mai dernier, j’ai croisé Christian Borle à Shubert Alley et j’ai eu la chance de discuter avec lui à propos de la grosse saison théâtrale qui l’attendait! christian-borle

CRITIQUE : American Psycho sur Broadway

À l’écriture de ces lignes, la comédie musicale American Psycho a déjà fermé ses portes sur Broadway après une courte série de représentations qui n’aura duré qu’à peine deux mois. La production a eu de la difficulté à rejoindre un large public, les critiques mitigées et le peu de nominations aux Tony Awards n’aidant pas à créer un buzz

Certes, j’ai passé une excellente soirée au Gerald Schoenfeld Theatre le dimanche 22 mai dernier! Il faut dire que je m’intéresse au développement de l’œuvre depuis plus de quatre années, ayant adoré le film de 2000 avec Christian Bale. J’avais même participé à la campagne Kickstarter de la production de Londres où les producteurs s’étaient tournés vers la célèbre plateforme de sociofinancement pour soulever les fonds nécessaires afin d’avoir de vrais musiciens plutôt que des trames sonores. Dès les premières rumeurs de développement de ce projet, je pouvais m’imaginer l’esprit tordu du protagoniste Patrick Bateman se matérialiser sur scène dans un univers éclaté qui est en quelque sorte le point de rencontre (s’il y en a un) entre Sweeney Todd et la musique de Phil Collins.

Bref, revenons à la base : American Psycho est basée sur le controversé livre de Bret Easton Ellis qui raconte la vie mouvementée de Patrick Bateman, un jeune banquier matérialiste de Wall Street à la fin des années 80 qui a deux passions : la musique pop et la mutilation de jeunes femmes. Son monde bascule à l’aube de ses 27 ans alors qu’un de ses collègues, Paul Owen, décroche un gros client qu’il convoitait. S’en suit une psychose sanglante où s’alternent les bains de sang, les orgies, la consommation de cocaïne et « Power of Love » de Huey Lewis. Comprenez-vous pourquoi je vous disais que le spectacle a eu de la difficulté à trouver une audience sur Broadway? À travers Wicked, The Lion King et Aladdin, American Psycho est un ovni avant-gardiste qui aurait probablement eu plus de succès dans un petit théâtre Off-Broadway.

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C’est l’auteur-compositeur Duncan Sheik, à qui l’ont doit la comédie musicale Spring Awakening et le succès « Barely Breathing » paru en 1996, qui signe la musique de l’œuvre. L’artiste a composé une vingtaine de chansons électropop qui semblent tout droit sorties des années 80. De ce fait, les musiciens ont troqué les cordes et les cuivres qu’on voit habituellement sur Broadway pour des synthétiseurs et une batterie électronique. Et comme le personnage principal est obsédé par la musique pop de l’époque, Sheik a intégré quelques succès de l’époque à sa trame sonore, de manière ingénieuse et subtile. Mentionnons « In The Air Tonight » de Phil Collins en chœur et a cappella! À mon goût personnel, American Psycho est l’une des meilleures trames sonores de comédie musicale des dernières années.

Côté livret et dialogues, l’auteur Roberto Aguirre-Sacasa a réussi là où Mary Harron et Guinevere Turner avaient échoué avec le film paru en 2000 : humaniser Patrick Bateman. Il est trop facile de tomber dans le panneau et de présenter le jeune banquier comme fondamentalement méchant. Il doit y avoir une raison derrière cette méchanceté, une explication valable qui permet au public de tout de même s’attacher au protagoniste. Derrière son égocentrisme et ses envies meurtrières, Patrick Bateman est un être seul et en manque de confiance. Est-ce que cela justifie les meurtres en série? Non. Par contre, ça permet aux spectateurs de s’intéresser au sort du personnage plutôt que de le catégoriser comme un simple méchant et se foutre éperdument de ce qui lui arrivera. Pour le reste, Aguirre-Sacasa a réussi à injecter une bonne dose d’humour grinçante à American Psycho, ce qui allège le tout.

Benjamin Walker est affilié au rôle de Patrick Bateman depuis 2011, année où il jouait le rôle-titre de la comédie musicale Bloody Bloody Andrew Jackson. Soucieux d’une constance dans sa carrière, la rumeur veut que Walker n’accepte seulement des rôles où le sang est proéminent! Blague à part, Walker fait vivre sur scène ce personnage tordu avec humanisme et cynisme, ne quittant pratiquement jamais la scène. Le spectacle repose sur ses épaules et l’acteur relève le défi avec brio. Je ne comprends toujours pas comment les voteurs des Tony Awards ont pu l’écarter de la course au meilleur acteur dans une comédie musicale… L’ensemble des personnages qui entourent Bateman, de ses collègues banquiers matérialistes à ses multiples conquêtes féminines (et futurs trophées de chasse), sont tous joués avec justesse par un groupe d’interprètes talentueux et dans une forme physique exceptionnelle! Comme l’histoire se déroule dans les années 80, à l’ère des vidéos d’entraînement de Jane Fonda, les multiples personnages ont tous une obsession pour leur corps. De ce fait, il y a probablement davantage de « six-pack » dans American Psycho que dans une boutique Abercrombie & Fitch. Je serais curieux de voir l’appel d’auditions en détail : « Obligatoire : fortes aptitudes en danse, technique vocale impeccable et six-pack découpé. Avoir été mannequin pour Victoria Secret est un atout ».

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Pour le reste, Jennifer Damiano, que l’on connaît pour ses performances dans Next to Normal et Spider-Man, offre une performance touchante et sentie dans le rôle de Jean, alors que Drew Moerlein joue avec justesse et humour le banquier Paul Owen, qui est l’objet de l’obsession et de la jalousie de Bateman.

Le metteur en scène britannique Rupert Goold a fait un travail formidable avec American Psycho, créant un univers unique à l’aide d’un décor à angle qui donne un effet de profondeur saisissant et des planchers pivotants qui sont utilisés à outrance dans le spectacle. De manière ingénieuse, Goold crée une suite troublante de tableaux, tantôt réalistes et tantôt imaginatifs, de l’appartement de Patrick aux ruelles de Manhattan, d’une journée à la plage à une montagne de corps ensanglantés. Les transitions se font rapidement et subtilement, empêchant la présence de temps morts. Mon coup de cœur? La scène finale du premier acte, où l’on descend un rideau de plastique pour protéger la foule des multiples jets de sang, le tout au rythme de « Hip to Be Square » de Huey Lewis and The News.

À la mise en scène s’ajoutent les chorégraphies contemporaines de Lynne Page, qui divertissent dans le premier acte et qui troublent dans le deuxième. Loin du souci de faire de belles chorégraphies pour impressionner les spectateurs, celles-ci sont plutôt au service de l’histoire, illustrant merveilleusement bien les personnages torturés et complexes que sont Bateman et sa bande.

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Côté scénographie, ce sont les éclairages et les projections qui volent le spectacle. Les décors d’un blanc immaculé à l’image des tendances épurées des années 80 servent de canevas pour Finn Ross, le concepteur vidéo qui crée des univers à la fois dynamiques et dramatiques. Avec American Psycho, la technologie est au service de l’histoire, tant dans l’intégration de plaques tournantes au décor que dans les éclairages violents de Justin Townsend. Côté design sonore, je n’ai personnellement jamais entendu sur Broadway une balance de son plus forte que celle d’American Psycho. La lourde basse vient vous frapper de plein fouet comme dans un concert rock et les synthétiseurs aigus résonnent avec puissance dans vos oreilles, aidant à créer l’univers de Patrick Bateman. Les costumes parfois épurés, parfois colorés de Katrina Lindsay servent très bien l’histoire, nous rappelant la mode particulière des années 80.

Bref, comme vous pouvez le constater, j’ai passé une excellente soirée et je considère American Psycho dans le top-5 des productions que j’ai vues sur Broadway. Dans l’avenir, est-ce qu’on parlera d’un flop pour qualifier la production? Tout à fait! Dans l’avenir, dira-t-on qu’American Psycho était artistiquement pauvre et que l’œuvre est à oublier? Pas du tout! À travers les années, bon nombre d’excellentes comédies musicales ont échoué sur Broadway. Certains attribuent la fermeture prématurée de l’œuvre au succès monstre que connaît la comédie musicale Hamilton. Personnellement, je ne suis pas d’accord. Le succès d’une œuvre ne peut pas expliquer l’échec d’une autre. À mes yeux, American Psycho n’était tout simplement pas faite pour Broadway. L’œuvre est trop controversée, trop expressionniste et trop sanglante pour être un succès commercial et vendre 10 000 billets hebdomadairement. Pour avoir du succès sur Broadway, il faut avoir du contenu de qualité, mais il faut également rejoindre un large public. Sinon, comment voulez-vous vendre 1 500 sièges à raison de huit représentations par semaine pendant des mois et des mois? American Psycho a fait un tabac lors de sa sortie à Londres en 2013, mais il faut savoir que l’Almeida Theatre où l’œuvre tenait l’affiche ne contient que 325 sièges, comparable à un théâtre new-yorkais de catégorie Off-Broadway. Si la comédie musicale de Duncan Sheik avait ouvert ses portes au New York Theatre Workshop, au Public Theater ou au Second Stage Theatre, l’œuvre aurait certainement été un vif succès. Bref, tout est une question de choix et selon moi, la plus grande faiblesse d’American Psycho a été la décision de ses producteurs de sauter quelques étapes et de se lancer directement sur Broadway. Mais pouvons-nous réellement en vouloir à Patrick Bateman de choisir le prestige et la luxure de Broadway plutôt que l’intimité et l’humilité d’une salle Off-Broadway?

Au-delà de tout ça, l’œuvre continuera à vivre par le biais de sa trame sonore parue cette année ainsi que par ses multiples productions qui verront le jour dans le futur. Si vous avez l’occasion de voir American Psycho, sautez sur l’opportunité, mais n’oubliez pas votre imperméable… 😉

Mes prédictions : Tony Awards 2016

Le 12 juin prochain, c’est la grande messe du théâtre new-yorkais : les Tony Awards! Ce gala clôt la saison théâtrale 2015-2016 en remettant 24 prix d’importance. Avant d’aller plus loin, je vous propose un petit aperçu de la saison avec mon survol des pièces majeures et ma rétrospective des multiples remises de prix à New York.

Depuis que je m’intéresse aux comédies musicales et à Broadway, je m’amuse à faire mes prédictions, comme on le fait avant les séries éliminatoires au football ou au hockey! Alors qu’habituellement 50% de mes prédictions se confirment, l’an dernier je me suis surpris moi-même en donnant ma meilleure performance à vie : 19 prédictions gagnantes sur 24!

Mes prédictions
Habituellement, les précédents galas sont de bons indicateurs pour les Tony Awards. Les productions qui remportent des prix aux Outer Critics Circle Awards et aux Drama Desk Awards sont souvent récompensés lors des Tony Awards. Cette année, il est plus difficile de suivre cette tendance parce que la nouvelle comédie musicale Hamilton, qui a fracassé le précédent record en obtenant pas moins de 16 nominations aux Tonys, n’était pas éligible aux autres galas. En effet, puisque la pièce jouait dans un théâtre de catégorie Off-Broadway lors de la saison théâtrale 2014-2015, elle a été récompensée l’année dernière (il n’y a que les Tony Awards qui récompensent uniquement les productions de catégorie Broadway). C’est donc un défi supplémentaire qui attend les freaks comme moi qui font des prédictions!

*MISE À JOUR (13 juin) : James Corden a frappé fort avec son numéro d’ouverture, les nouvelles comédies musicales ont toutes données une excellente et sans surprise, Hamilton repart avec 11 trophées! Une autre belle soirée des Tonys. Avec 18 prédictions réussies sur 24, je suis un point derrière ma performance de l’an dernier!
(Ci-dessous : les gagnants se méritent une ★)

➨ = Prédiction

Meilleure pièce de théâtre
Eclipsed
The Father
The Humans
King Charles III

Meilleure comédie musicale
Bright Star
Hamilton
School of Rock
Shuffle Along
Waitress

Meilleure reprise d’une pièce de théâtre
The Crucible
A View from the Bridge
Blackbird
Long Day’s Journey Into Night
Noises Off

Meilleure reprise d’une comédie musicale
The Color Purple
Fiddler on the Roof
She Loves Me
Spring Awakening

Meilleur livret d’une comédie musicale
Bright Star (Steve Martin)
Hamilton (Lin-Manuel Miranda)
School of Rock (Julian Fellowes)
Shuffle Along (George C. Wolfe)

Meilleure musique d’une comédie musicale
Bright Star (Steve Martin et Edie Brickell)
Hamilton (Lin-Manuel Miranda)
School of Rock (Andrew Lloyd Webber et Glenn Slater)
Waitress (Sara Bareilles)

Meilleur acteur dans une pièce de théâtre
Gabriel Byrne (Long Day’s Journey Into Night)
Jeff Daniels (Blackbird)
➨Frank Langella (The Father)
Tim Pigott-Smith (King Charles III)
Mark Strong (A View From the Bridge)

Meilleure actrice dans une pièce de théâtre
➨Jessica Lange (Long Day’s Journey Into Night)
Laurie Metcalf (Misery)
Lupita Nyong’o (Eclipsed)
Sophie Okonedo (The Crucible)
Michelle Williams (Blackbird)

Meilleur acteur dans une comédie musicale
Alex Brightman (School of Rock)
➨Danny Burnstein (Fiddler on the Roof)
Zachary Levi (She Loves Me)
Lin-Manuel Miranda (Hamilton)
Leslie Odom, Jr. (Hamilton)

Meilleure actrice dans une comédie musicale
Laura Benanti (She Loves Me)
Carmen Cusack (Bright Star)
➨Cynthia Erivo (The Color Purple)
Jessie Mueller (Waitress)
Phillipa Soo (Hamilton)

Meilleur acteur de soutien dans une pièce de théâtre
➨Reed Birney (The Humans)
Bill Camp (The Crucible)
David Furr (Noises Off)
Richard Goulding (King Charles III)
Michael Shannon (Long Day’s Journey Into Night)

Meilleure actrice de soutien dans une pièce de théâtre
Pascale Armand (Eclipsed)
Megan Hilty (Noises Off)
➨Jayne Houdyshell (The Humans)
Andrea Martin (Noises Off)
Saycon Sengbloh (Eclipsed)

Meilleur acteur de soutien dans une comédie musicale
➨Daveed Diggs (Hamilton)
Brandon Victor Dixon (Shuffle Along)
Christopher Fitzgerald (Waitress)
Jonathan Groff (Hamilton)
Christopher Jackson (Hamilton)

Meilleure actrice de soutien dans une comédie musicale
Danielle Brooks (The Color Purple)
➨Renée Elise Goldsberry (Hamilton)
Jane Krakowski (She Loves me)
Jennifer Simard (Disaster!)
Adrienne Warren (Shuffle Along)

Meilleurs décors dans une pièce de théâtre
Beowulf Boritt (Thérèse Raquin)
Christopher Oram (Hughie)
Jan Versweyveld (A View from the Bridge)
➨David Zinn (The Humans)

Meilleurs décors dans une comédie musicale
Es Devlin & Finn Ross (American Psycho)
David Korins (Hamilton)
Santo Loquasto (Shuffle Along)
➨David Rockwell (She Loves Me)

Meilleurs costumes dans une pièce de théâtre
Jane Greenwood (Long Day’s Journey Into Night)
Michael Krass (Noises Off)
➨Clint Ramos (Eclipsed)
Tom Scutt (King Charles III)

Meilleurs costumes dans une comédie musicale
Gregg Barnes (Tuck Everlasting)
➨Jeff Mahshie (She Loves Me)
Ann Roth (Shuffle Along)
Paul Tazewell (Hamilton)

Meilleurs éclairages dans une pièce de théâtre
Natasha Katz (Long Day’s Journey Into Night)
Justin Towsend (The Humans)
➨Jan Versweyveld (The Crucible)
Jan Versweyveld (A View from the Bridge)

Meilleurs éclairages dans une comédie musicale
Howell Binkley (Hamilton)
Jules Fisher & Peggy Eisenhauer (Shuffle Along)
Ben Stanton (Spring Awakening)
➨Justin Towsend (American Psycho)

Meilleure mise en scène dans une pièce de théâtre
Rupert Goold (King Charles III)
Jonathan Kent (Long Day’s Journey Into Night)
Joe Mantello (The Humans)
Liesl Tommy (Eclipsed)
➨Ivo Van Hove (A View from the Bridge)

Meilleure mise en scène dans une comédie musicale
Michael Arden (Spring Awakening)
John Doyle (The Color Purple)
Scott Ellis (She Loves Me)
➨Thomas Kail (Hamilton)
George C. Wolfe (Shuffle Along)

Meilleures chorégraphies
➨Andy Blankenbuehler (Hamilton)
Savion Glover (Shuffle Along)
Hofesh Shechter (Fiddler on the Roof)
Randy Skinner (Dames at Sea)
Sergio Trujillo (On Your Feet!)

Meilleures orchestrations
August Eriksmoen (Bright Star)
Larry Hochman (She Loves Me)
➨Alex Lacamoire (Hamilton)
Daryl Waters (Shuffle Along)

Tony-Awards

Les plus grandes voix de Broadway (volet masculin)

Après mon article sur les plus grandes voix féminines de Broadway, je me tourne du côté des hommes! Sans aucun critère précis ou ordre scientifique, voici quelques-unes des plus grandes voix masculines de l’histoire des comédies musicales de Broadway.

Jerry Orbach
Jerry Orbach représente l’image qu’on a de l’acteur de Broadway classique du dernier siècle : une voix puissante, un jeu raffiné et une prestance indéniable. Dans les années 60 et 70, il a prêté sa riche voix de baryton à des personnages mythiques : Billy Flynn dans Chicago, Chuck dans Promises, Promises, Sky dans Guys and Dolls et Julian dans 42nd Street. À l’écran, l’acteur new-yorkais s’est illustré dans les films Dirty Dancing et La Belle et la Bête, le studio Disney s’étant tourné vers lui pour interpréter le personnage de Lumière. En 2007, Orbach est devenu immortel en voyant un théâtre de Times Square être rebaptisé en son honneur. Le Jerry Orbach Theatre abrite la production de la comédie musicale The Fantasticks, qui tient l’affiche en continu depuis 1960 et dans laquelle l’acteur avait fait ses débuts.

Mandy Patinkin
Avant de faire sa marque à l’écran dans le film The Princess Bride et la série Homeland, Mandy Patinkin a conquis les amateurs de Broadway avec son jeu précis et surtout, sa voix exceptionnelle. Ce ténor au registre interminable excelle autant dans la pop que dans le classique, ayant marqué les esprits avec ses rôles de Che Guevara dans Evita et George dans Sunday in the Park with George. Malgré sa carrière hollywoodienne depuis la fin des années 80, Patinkin ne se tient jamais bien loin de Broadway, ayant tenu l’affiche de plusieurs spectacles musicaux en solo où il revisite des standards jazz et des classiques de comédies musicales.

Colm Wilkinson
Pour bien des gens, Colm Wilkinson est un deuxième nom pour Jean Valjean. Il est vrai que l’acteur irlandais a fait sa marque dans Les Misérables, d’abord dans les deux premières productions anglaises (Londres et Broadway), puis dans les concerts du 10e et 25e anniversaire et finalement, dans le film de 2012 (sous les traites de l’Évèque de Digne). Au-delà de Les Miz, l’acteur à la voix ténor tantôt extrêmement puissante, tantôt des plus douces, a notamment joué Judas dans Jesus Christ Superstar, Che dans Evita et le rôle-titre dans The Phantom of the Opera, qu’il d’abord créé dans les premières lectures de l’œuvre, pour ensuite reprendre le masque dans la production torontoise en 1989. Avec sa voix exceptionnelle, Wilkinson a donné de multiples séries de concerts en solo, représentant même l’Irlande lors du célèbre concours Eurovision en 1978.

Brian Stokes Mitchell
À mi-chemin entre une voix basse d’opéra et une voix baryton de théâtre musical, Brian Stokes Mitchell connaît un immense succès sur Broadway depuis la fin des années 80. D’abord associé aux œuvres mythiques des frères Gershwin et de Cole Porter comme Oh, Kay!, Jelly’s Last Jam et Kiss Me, Kate, il a ensuite enchaîné les rôles principaux dans des œuvres contemporaines comme Kiss of the Spider Woman, Ragtime, Man of La Mancha et Sweeney Todd. Avec une voix aussi puissante et riche, il n’est pas surprenant que Mitchell ait parcouru les quatre coins du monde pour donner des spectacles à la fois jazz et classiques!

Adam Pascal
Jusqu’à maintenant, ce palmarès inclut des chanteurs à la technique impeccable qui excellent autant dans le classique que dans le jazz. Avec Adam Pascal, c’est tout le contraire! Le chanteur cadrerait beaucoup plus dans un groupe rock des années 80 que sur la scène d’un théâtre de Broadway. Pourtant, depuis ses débuts sur Broadway en 1996, Pascal est l’un des artistes de théâtre musical les plus en demande. Avec sa voix rauque au registre interminable, le chanteur est entré dans l’histoire de Broadway par la grande porte lorsqu’il a créé le rôle de Roger dans l’opéra rock Rent. Fort de ce succès, il a ensuite enchaîné les rôles majeurs dans Cabaret, Aida, Memphis, Chicago et Chess. Comme auteur, il travaille depuis quelques années sur l’adaptation théâtrale de l’album « Operation: Mindcrime » du groupe métal Queensrÿche.

Michael Cerveris
En anglais on dit « versatility », en français on dit « polyvalence » et sur Broadway, on dit « Michael Cerveris ». L’acteur louisianais s’est d’abord imposé comme un ténor à la voix rock lorsqu’il a tenu les rôles-titres dans The Who’s Tommy et Hedwig and the Angry Inch. Par la suite, il a fait découvrir sa riche voix de baryton au public dans des œuvres plus classiques comme Titanic, Assassins, Passion, Sweeney Todd, Evita et Fun Home. Ajoutez à son CV les multiples pièces de théâtre dans lesquelles il a joué et vous avez un acteur des plus complet. Cerveris ne cesse d’enchaîner les rôles variés, se réinventant à chaque nouvelle production dans laquelle il prend part. Parallèlement à sa carrière sur les planches, Cerveris est également le chanteur et guitariste du groupe folk-bluegrass Loose Cattle.

Aaron Tveit
Si le 20e siècle était dominé par des rôles masculins écrits pour des chanteurs barytons à la voix riche, le 21e siècle en comédie musicale est jusqu’à maintenant dominé par des ténors comme Aaron Tveit. Après avoir joué les jeunes premiers dans Hairspray et Wicked, le chanteur a fait sa marque en créant le rôle de Gabe dans Next to Normal. Les rôles majeurs mettant en évidence sa voix exceptionnelle se sont suivis, de l’adaptation théâtrale du film Catch me if you Can au controversé rôle de John Wilkes Booth dans Assassins, en passant par le film Les Misérables et la récente production télévisuelle de Grease par le réseau Fox. Partout où il passe, Tveit charme les foules et impressionne par la qualité de sa voix, laissant présager une grande carrière dans les décennies à venir.

La saison des galas à New York

Tout comme pour le cinéma hollywoodien, le théâtre new-yorkais bénéficie d’un grand prestige et une multitude de galas ont lieu. À chaque année entre avril et juin, c’est la saison des remises de prix (Awards season) et six galas majeurs se tiennent un peu partout à Manhattan. Bien sûr, tout comme Hollywood avec les Oscars, c’est la cérémonie des Tony Awards qui clôt la saison théâtrale annuelle. Il est important de mentionner que les six galas présentés récompensent des productions qui se tiennent dans la ville de New York seulement. Les autres métropoles où le théâtre a une forte popularité comme Londres, Los Angeles et Toronto ont leur propre remise de prix. Je vous promets un éventuel article sur le sujet!

*Avant de commencer, il faut savoir que ces galas honorent les différentes catégories de productions théâtrales, soit Broadway et Off-Broadway. Pour assurer votre bonne compréhension, je vous recommande la lecture de mon article Broadway et Off-Broadway : quelle est la différence?.

LUCILLE LORTEL AWARDS
Le nom Lucille Lortel vous dit quelque chose? Si vous capotez sur la série F.R.I.E.N.D.S. comme moi, c’est parce que Joey joue au Lucille Lortel Theatre dans Freud! The Musical. Nommés en l’honneur de la prolifique productrice dont on dénombre plus de 500 pièces de théâtre à son curriculum vitae, les prix récompensent uniquement les productions de catégorie Off-Broadway. Le jury qui vote regroupe une multitude d’artisans et journalistes de tous les horizons : membres de la Off-Broadway League, l’Actors’ Equity (équivalent de l’Union des Artistes au Québec), la Stage Directors & Choreographers Society, la Lucille Lortel Foundation, etc. Étant les seuls prix qui ne mettent en compétition que les productions Off-Broadway, les Lucille Lortel Awards jouissent d’un grand prestige dans le milieu du théâtre professionnel de petite et moyenne envergure.
*Édition 2019 : nominations (3 avril), gagnants (5 mai), animateur (Wayne Brady)

OBIE AWARDS
Depuis 1956, l’hebdomadaire new-yorkais The Village Voice remet les Obie Awards aux artisans œuvrant dans les productions de catégories Off-Broadway et Off-Off-Broadway. Parmi tous les prix présentés, les Obie Awards sont probablement les moins conventionnels. D’abord, parce qu’il n’y a pas de nominations annoncées et ensuite, parce qu’il y a plusieurs gagnants par catégorie. Par exemple, pour les prix remis aux acteurs, le jury nomme plusieurs personnes qui sont toutes gagnantes d’un trophée, peu importe leur sexe ou l’ampleur de leur rôle! À l’exception des prix Lifetime Achievement et Best New American Play, il n’y a pas de catégories fixes qui reviennent chaque année. Dépendamment des productions qui ont marqué la saison, le jury décide des catégories. Les Obie Awards sont à l’image du théâtre de catégorie Off-Broadway : non conventionnels, éclatés et surprenants. C’est probablement la raison pourquoi ce petit gala est autant apprécié et reconnu par les artisans de la Grosse Pomme.
*Édition 2019 : gagnants (20 mai), animatrice (Rachel Bloom)

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DRAMA LEAGUE AWARDS
Remis pour la première fois en 1935, les Drama League Awards, qui célèbrent autant les productions de catégories Broadway et Off-Broadway, sont la plus vieille remise de prix du théâtre américain. C’est également le seul gala majeur dont les trophées sont remis par les spectateurs. Le prestige des Drama League Awards se trouve principalement dans la catégorie des performances d’acteurs. Plutôt que de séparer les hommes des femmes, les pièces de théâtre des comédies musicales ainsi que les rôles principaux des rôles secondaires, le jury mélange tout ce beau monde ensemble pour annoncer une liste de 50 nominés. Par la suite, une seule de ces personnes remportera le convoité Drama League for Distinguished Performance. C’est donc dire que l’actrice de soutien méconnue dans une petite production Off-Broadway peut se retrouver en compétition contre l’acteur réputé qui tient un rôle principal dans une grande production de Broadway. Pour les fanatiques comme moi, les Drama League Awards sont habituellement un bon indicateur pour les Tony Awards, puisqu’il est fort à parier que l’acteur qui se démarque dans la catégorie des performances gagnera habituellement le Tony dans sa catégorie respective.
*Édition 2019 : nominations (17 avril), gagnants (18 mai), animateurs (Ann Reinking & Ben Vereen)

OUTER CRITICS CIRCLE AWARDS
À mes yeux, cette remise de prix est la plus inutile de ce palmarès… Bien que tout interprète est probablement aux anges de remporter un Outer Critics Circle Award, cette remise de prix n’est à mes yeux qu’une copie des Drama Desk Awards. Mis à part les membres du jury, il n’y a aucune différence dans les types de productions récompensées et les différentes catégories. Si vous maîtrisez la langue de Shakespeare, vous comprenez que « Outer Critics » veut dire que les membres du jury sont des journalistes et critiques de théâtre qui n’œuvrent pas à New York. Les gagnants sont habituellement annoncés quelques semaines après la cérémonie officielle qui a lieu au réputé restaurant Sardi’s, qui a fait l’objet d’un article sur BroadwayVez.
*Édition 2019 : nominations (23 avril), gagnants (13 mai)

DRAMA DESK AWARDS
Si on parle souvent des Tony Awards comme des « Oscars de Broadway », on pourrait alors comparer les Drama Desk aux Golden Globes : c’est la 2e remise de prix la plus prestigieuse et l’étendue des prix est plus large (les Drama Desk récompensent également les productions Off-Broadway et Off-Off-Broadway, alors que les Golden Globes récompensent aussi la télévision). Le gala tenu habituellement au New York’s Town Hall a lieu annuellement depuis 1955. The Drama Desk Organization, organisme sans but lucratif, est l’autorité qui remet les multiples prix. Le jury est composé d’environ 140 critiques de théâtre, journalistes et éditeurs qui s’impliquent sur une base volontaire et qui se rencontrent deux fois par mois pour discuter des productions éligibles. Il est à noter que l’organisation des Drama Desk Awards se réclame comme étant le seul gala où l’ensemble du jury n’a aucun intérêt personnel dans les résultats, contrairement aux autres galas où plusieurs artisans font partie du jury.
*Édition 2019 : nominations (25 avril), gagnants (2 juin), animateur (Michael Urie)

TONY AWARDS
Les Tony Awards sont à Broadway ce que les Oscars sont à Hollywood! Fondés par l’organisme American Theatre Wing et supervisés par The Broadway League, les Tony Awards récompensent autant les pièces de théâtre que les comédies musicales, mais celles-ci ne compétitionnent pas dans les mêmes catégories. Seules les productions qui jouent dans les théâtres de catégorie Broadway sont éligibles à ce gala. Le nom « Tony » a été donné en l’honneur de l’actrice et productrice Antoinette Perry. De loin le gala le plus prestigieux du théâtre américain, la cérémonie a habituellement lieu au gigantesque Radio City Musical Hall. Au fil des années, de grandes célébrités ont animé la soirée, dont Hugh Jackman, Whoopi Goldberg, Neil Patrick Harris, Matthew Broderick, Rosie O’Donnell, Anthony Hopkins et Julie Andrews. Le numéro d’ouverture est toujours un moment fort, comme en témoigne la vidéo ci-dessous tirée de l’édition 2013.
*Édition 2019 : nominations (30 avril), gagnants (9 juin), animateur (James Corden)

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Le prix Pulitzer et les comédies musicales

Selon plusieurs experts, le célèbre Pulitzer Prize for Drama est la distinction la plus prestigieuse qu’une œuvre théâtrale peut remporter*. En effet, le prix est remis par un jury hautement qualifié à une seule pièce s’étant démarquée au cours de l’année. Comme en journalisme, en littérature ou en musique, le gagnant du prix dramaturgique est quasi assuré de passer à l’histoire!

*Je me permets d’ajouter une nuance : le prix Pulitzer pour une œuvre dramaturgique est sans aucun doute la distinction la plus prestigieuse, en sol américain. Nos voisins du Sud ont cette fâcheuse habitude d’appliquer à la Terre entière ce qui se déroule à l’intérieur de leurs frontières… La finale du baseball majeur s’appelle la « World Series », les champions du Super Bowl sont couronnés « World Champion », etc, etc.

Les plus grands dramaturges américains l’ont tous remportés : Eugene O’Neill (1920, 1922, 1928, 1957), Tennessee Williams (1948, 1955), Arthur Miller (1949), Edward Albee (1967, 1975, 1994), David Mamet (1984), August Wilson (1987, 1990), Horton Foote (1995), Tracy Letts (2008) et plusieurs autres!

À travers les années, huit comédies musicales ont remporté le Pulitzer Prize for Drama. Ces œuvres  ont donc été considérées comme la pièce théâtrale la mieux écrite au cours d’une année.

Les voici, en ordre chronologique :

  • 1932 : Of Thee I Sing (par George S. Kaufman, Morrie Ryskind et Ira Gershwin)
  • 1950 : South Pacific (par Richard Rodgers, Oscar Hammerstein II et Joshua Logan)
  • 1960 : Fiorello! (par Jerome Weidman, George Abbott, Jerry Bock et Sheldon Harnick)
  • 1962 : How to Succeed In Business Without Really Trying (par Frank Loesser et Abe Burrows)
  • 1976 : A Chorus Line (par Michael Bennett)
  • 1985 : Sunday in the Park With George (par Stephen Sondheim et James Lapine)
  • 1996 : Rent (par Jonathan Larson)
  • 2010 : Next to Normal (par Tom Kitt et Brian Yorkey)

Cette année, la comédie musicale Hamilton pourrait bien s’ajouter à la liste ci-dessus. Selon plusieurs experts, l’œuvre de Lin-Manuel Miranda n’a aucune chance de ne pas gagner! Le dévoilement se fera demain, le lundi 18 avril. Je vous tiens au courant…

AJOUT 18 AVRIL 2016 : Les experts avaient raison, Hamilton a remporté le prestigieux honneur lors de la 100e remise des prix Pulitzer, devenant seulement la 9e comédie musicale dans la liste.

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