Les 7 superstitions théâtrales à connaître

Selon mon vieux chum Larousse, une superstition est une « croyance à des présages tirés d’événements matériels fortuits ». Vous connaissez tous les plus célèbres : vendredi 13, briser un miroir, ouvrir un parapluie à l’intérieur, passer sous une échelle, etc. Et bien, sachez que les gens de théâtre ont également plusieurs superstitions qu’il faut respecter si l’on veut qu’une représentation se déroule bien. Sortez donc du papier et un crayon et prenez des notes afin de ne pas commettre de bourde la prochaine fois que vous irez au théâtre!

« Bonne chance »
Probablement la superstition théâtrale la plus connue, tout le monde sait qu’il ne faut jamais souhaiter « bonne chance » ou « good luck » avant un spectacle. En français, on souhaite « merde » et en anglais, « break a leg ». Mais d’où vient donc cette expression fécale? La légende raconte que du temps où les spectateurs arrivaient au théâtre en calèche, les chevaux garnissaient le pavé de leur crottin. Plus il y avait de spectateurs, plus il y avait de merde devant la salle de spectacle. C’était donc très positif de souhaiter « beaucoup de merde » aux artisans d’un spectacle!

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« Macbeth »
La célèbre pièce de William Shakespeare est considérée par plusieurs comme maudite. La rumeur veut que lors de la production originale en 1606, l’acteur qui tenait le rôle-titre soit mort avant la première représentation et c’est Shakespeare lui-même qui l’aurait remplacé. Depuis, l’acteur décédé hanterait les productions aux quatre coins du monde… C’est pour cette raison qu’à l’instar de Voldemort, Macbeth est la-pièce-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-nom-dans-un-théâtre. À la place, il est préférable de dire « la pièce écossaise » et de nommer les personnages principaux « M et Lady M ». Par chance, si vous dites le nom par erreur, il existe quelques remèdes. D’abord, la légende dit que vous pouvez sortir du théâtre, faire trois tours sur vous-même et cracher au sol. En cas de pluie ou de refus d’avoir l’air ridicule, vous pouvez également citer une réplique des Deux Gentilshommes de Vérone, connue comme étant la « pièce chanceuse ».

macbeth

Siffler
En plus de ne jamais dire « bonne chance » et « Macbeth », vous ne devriez jamais siffler dans un théâtre (sauf si vous jouez le rôle-titre dans Sweeney Todd, je suppose). Cette superstition vient de l’époque où les régisseurs de théâtre étaient majoritairement d’anciens marins à la retraite. Comme sur les bateaux, ceux-ci utilisaient des sifflements codés pour communiquer entre eux les changements de décor. Un acteur sifflant sur scène ou en coulisse pouvait donc semer la confusion et mener à des accidents. Depuis l’arrivée des casques d’écoute, l’habitude s’est poursuivie et est devenue une superstition!

Fleurs
Il existe deux superstitions à propos des fleurs. D’abord, sachez qu’il est important de remettre les bouquets aux artistes APRÈS la représentation. Donner des fleurs avant un spectacle porterait grandement malheur. Ensuite, il est recommandé d’éviter d’offrir des œillets. À l’époque où les théâtres engageaient les comédiens de manière permanente, le directeur offrait des roses aux artisans dont le contrat était renouvelé. Par contre, puisque les roses coûtaient plus chers, on offrait de simples œillets aux comédiens qui allaient être renvoyés, afin de ne pas faire de dépenses inutiles.

Le vert… ou le bleu?
En France, la couleur verte est considérée maléfique pour les costumes de théâtre. D’abord, parce que l’oxyde de cuivre qui servait à colorer le tissu au 19e siècle était très toxique, puis parce que la rumeur veut que Molière portait un costume vert lorsqu’il joua pour la dernière fois Le Malade Imaginaire, quelques heures avant sa mort. Dans les milieux anglophones, c’est plutôt la couleur bleue qui porte malheur. Il y a plusieurs siècles, la teinture bleue était la plus chère et seules les compagnies réputées pouvaient s’en procurer. Avec le temps, le prix de la teinture a baissé et les troupes de second plan se sont mises à utiliser des costumes bleus pour avoir l’air riche. En réponse à cela, les compagnies aisées ont ajouté des parures en argent pour se distancer des troupes plus pauvres, leur laissant l’exclusivité des costumes complètement bleus. Depuis cette guerre des apparences, les costumes entièrement de couleur bleue sont devenus synonymes d’échec, sauf s’ils sont combinés à la couleur argent.

La lumière du fantôme
Suis-je le seul qui trouve qu’un théâtre plongé dans le noir semble l’endroit idéal pour des activités paranormales? Il semble que non parce que la prochaine superstition concerne les fantômes! En effet, depuis les années 1800, la plupart des théâtres britanniques et américains ont pris l’habitude de ne jamais laisser une scène complètement noire pendant la nuit. Plutôt que de laisser les néons ouverts, la tradition veut que le régisseur place au milieu de la scène une lampe appelée « ghost light ». De cette manière, on s’assure qu’aucun esprit maléfique ne vienne porter malheur aux prochaines représentations.

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Une mauvaise générale…
Si vous avez gravité de près ou de loin autour du monde théâtral, vous avez probablement entendu l’expression « mauvaise générale, bonne première ». En effet, il arrive souvent que le dernier enchaînement avant les représentations soit un désastre. L’équipe est fatiguée et c’est souvent à ce moment que les erreurs d’inattention surgissent. Par contre, quand vient le temps de jouer devant un public pour la première fois après des semaines de répétitions, l’adrénaline fait son effet et la première représentation va souvent comme sur des roulettes!

En suivant ces petites règles, vous devriez vous assurer de ne pas porter malheur à un artiste ou à un spectacle. Vous avez une dent contre quelqu’un? Offrez-lui un bouquet d’œillets avant la représentation en lui souhaitant « bonne chance pour ton rôle de Macbeth ».

Petit guide pour ne (presque) jamais payer le plein prix sur Broadway

Si je vous disais que je n’ai pas payé un billet sur Broadway au prix régulier depuis 2008*, vous me croyez? (C’était In The Heights, je voulais voir la distribution originale et il restait un billet individuel dans la rangée AA du parterre… Je n’ai pas pu résister et mon portefeuille m’en tient encore rigueur aujourd’hui…) Il y a effectivement plus d’une manière de voir une pièce de Broadway sans passer par la billetterie régulière.

À noter que ce guide ne s’applique pas si vous désirez être assis dans la première rangée du parterre et si vous ne voulez seulement voir The Lion King, Hamilton ou The Book of Mormon. (Et encore là, une option ci-dessous contourne ces 2 conditions!)

TKTS
Mais qu’est-ce que ces quatre lettres veulent donc dire? Littéralement, je n’en n’ai aucune idée… Concrètement, ça veut dire « pas cher pas cher! ». Si vous avez déjà visité Manhattan, vous avez probablement aperçu le gros escalier rouge à l’extrémité nord de Times Square. Au-delà d’un beau spot à photos, cet endroit est synonyme de bonheur pour les fanatiques de Broadway comme moi! Je vous explique le concept : la grande majorité des productions Broadway et Off-Broadway n’écoulent pas la totalité de leurs billets, donc la journée même, ils mettent en vente ce qu’il reste (à rabais) par le biais des kiosques TKTS. Vous pouvez donc espérer payer vos billets entre 20% et 50% moins cher que le prix régulier, dépendamment de la période dans l’année et de la popularité du spectacle. Si vous arrivez à New York en ayant qu’un seul spectacle en tête, TKTS n’est pas la meilleure option puisqu’il se peut qu’il n’y ait pas de billet disponible. Par contre, si vous avez plusieurs options et que vous êtes aventureux, TKTS est parfait pour vous! Bien que d’acheter vos billets au kiosque de Times Square est une expérience unique, je vous recommande les deux autres kiosques, qui sont habituellement beaucoup moins fréquentés (TKTS South Street Seaport et TKTS Brooklyn). Avant de vous rendre aux kiosques, prenez le temps de regarder les heures d’ouverture, qui diffèrent si vous voulez des billets pour les représentations d’après-midi ou de soirée : http://bit.ly/tkts-bway.

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Rush tickets
Sur Broadway, plusieurs productions vendent des billets à prix réduit le jour même des représentations, dès l’ouverture de la billetterie. Les règles changent d’un spectacle à l’autre, mais ce qui est sûr, c’est que le prix est toujours très avantageux (entre 25$ et 45$). Habituellement, il y a une limite de deux billets par personne et ce ne sont jamais des billets près de la scène. Certaines productions ont des Student Rush tickets qui s’adressent seulement aux étudiants. Il n’y a normalement pas de problème avec les cartes étudiantes québécoises. Mon meilleur deal avec les rush tickets? La production originale d’American Idiot pour 27$.

Standing-room
Vous avez des problèmes de dos et vous ne pouvez rester assis plus de deux heures? J’ai la solution pour vous : les billets standing-room! Les productions qui affichent complet mettent souvent en vente des billets qui permettent de se tenir debout, derrière la dernière rangée de sièges. Vous trouvez le concept un peu ridicule? C’est vrai que c’est particulier, mais cette façon de faire permet de voir des productions comme The Book of Mormon et Hamilton pour lesquels il est impossible d’avoir des billets avant le 30 février 2025 (et j’exagère à peine). Pour ce type de billets, vous pouvez vous attendre à payer entre 27 et 47$. Il est aussi important d’arriver tôt! Même si la billetterie ouvre à 10h, il arrive que des gens aillent s’asseoir devant le théâtre dès le lever du soleil.

Loterie
Contrairement aux façons de faire précédentes, la loterie est amusante même si on ne gagne pas! Popularisé par la production originale de Rent dans les années 90, ce type de tirage organisé en pleine rue est un incontournable de New York, comme la statue de la Liberté et les hot dogs de Nathan’s! Voici le fonctionnement : vous vous présentez au théâtre à une heure précise et vous remplissez un petit papier. Par la suite, l’animateur pige parmi tous les participants et les gagnants remportent une paire de billets dans les premières rangées du parterre, pour la modique somme d’environ 30 dollars. Depuis l’été 2015, la production d’Hamilton se démarque par son prix ridicule (10$) et ses petits spectacles d’une dizaine de minutes juste avant le tirage qui mettent en vedette des acteurs de la communauté théâtrale new-yorkaise (voici un exemple). En plus de celle d’Hamilton qui attire des milliers de personnes chaque semaine, voici les autres productions qui offrent des loteries en date du 30 mai 2019 : Aladdin, Ain’t Too ProudBell More Chill, Beautiful, BeetlejuiceThe Book of Mormon, The Cher Show, Come From AwayDear Evan Hansen, Frozen, Hadestown, King KongThe Lion King, Mean Girls, Oklahoma!The Phantom of the OperaPretty Woman, Tootsie et Wicked. À noter que de plus en plus de productions ont transféré leur loterie en ligne. C’est super pratique, mais ça permet à un peu grand nombre de personnes de participer chaque jour.

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Pour voir la liste des productions qui offrent des rush tickets, des standing-room tickets et des loteries, visitez le lien suivant : http://bit.ly/pas-cher-pas-cher.

Playbill Club
Le dernier moyen pour ne pas payer le plein prix est un secret bien gardé que je vous partage aujourd’hui : le Playbill Club. Pour adhérer à ce club sélect, vous n’avez qu’une chose à faire : créer un compte et… c’est tout! Pas de frais, pas de courriels indésirables et pas d’épreuves d’initiation à accomplir. Les productions Broadway et Off-Broadway offrent des rabais intéressants sur le coût des billets pour des périodes bien précises. Ne vous surprenez pas si peu de billets sont disponibles dans le temps des Fêtes et pendant l’été, puisque ce sont les périodes fortes où tous les spectacles affichent complet. Par contre, si vous visitez la Grosse Pomme l’hiver ou l’automne et que vous voulez acheter vos billets d’avance, Playbill Club est la meilleure solution. Personnellement, j’ai essayé tous les moyens dans cet article et c’est le Playbill Club qui répond le plus à mes attentes! Cliquez ici et découvrez les offres en cours.

C’était donc mes petits trucs pour vous faire économiser lors de votre prochain voyage à New York. Si vous utilisez un des moyens ci-dessus, écrivez-moi et racontez-moi votre histoire!

 

*Depuis l’écriture de cet article, j’ai aussi payé le plein prix pour voir Hamilton. Mais tsé… c’est Hamilton!

Les doublures sur Broadway

À New York, une production théâtrale est dans l’obligation d’offrir 8 représentations par semaine. Si un spectacle est ouvert de manière open-ended (open-quoi? voir mon lexique), ça équivaut à environ 35 représentations par mois, et 416 par année! Vous vous doutez donc qu’il est impossible qu’une seule personne tienne chaque rôle.

En effet, pour assurer que chaque représentation se déroule normalement, un système de doublures est mis en place dans chaque production. Avant d’aller plus loin, je dois préciser que l’acteur qui tient le rôle de manière régulière et qui a son nom dans le programme est appelé performer. Cela désigne donc un artisan, qu’il soit principalement acteur, danseur ou chanteur (et la plupart du temps, les trois en même temps). Sur un contrat régulier de 12 mois, un performer aura droit à deux semaines de vacances. C’est donc dire qu’il est tenu de jouer son rôle à très exactement 400 représentations. Par contre, en cas de maladie, de blessure ou de conflit d’horaire avec d’autres petits contrats, un performer peut s’absenter et être remplacé par une doublure. Voici donc les quatre types de doublures :

Stand-by
C’est un acteur qui ne joue pas dans la production sur une base régulière, mais qui a appris un ou deux rôles majeurs dans le spectacle. Les acteurs qui sont stand-by peuvent donc faire partie de la production pendant plusieurs mois sans jamais mettre le pied sur scène. Habituellement, ils sont tenus d’être dans le théâtre à chaque représentation afin de toujours pouvoir entrer en scène si une blessure survient en cours de route.

Understudy
Ce sont certains membres de l’ensemble qui, en plus de jouer leur rôle, doublent les acteurs principaux et/ou secondaires. Un understudy doit donc apprendre son rôle dans l’ensemble, en plus de deux à trois rôles qu’il jouera à quelques occasions.

Swing
Si les understudys sont les doublures des rôles principaux et secondaires, les swings, eux, sont les doublures des membres de l’ensemble. Ils ne jouent pas dans la production sur une base régulière, mais sont également obligés d’être dans le théâtre à chaque représentation. Ces acteurs ultra-polyvalents peuvent en venir à apprendre de deux à dix rôles d’ensemble différents. En plus de remplacer un membre de l’ensemble lorsqu’il est blessé/malade/en vacances, le swing remplace également lorsqu’un understudy remplace un rôle principal/secondaire.

Alternate
C’est une doublure de type stand-by qui joue au moins une représentation par semaine. Alors que les trois autres types de doublures ne jouent qu’en cas de maladie, blessure ou vacances, l’alternate a la garantie de jouer le rôle chaque semaine. Ce type de doublure est plutôt rare et n’arrive que lorsqu’un rôle principal est très demandant pour l’acteur qui le tient. Depuis 1987, le rôle de Christine dans The Phantom of the Opera est joué hebdomadairement à six reprises par l’actrice principale, et à deux reprises par l’alternate. Plus récemment, la même situation avait lieu dans Les Misérables pour le rôle de Jean Valjean.

Comme le système de doublures est assez complexe, j’ai mis au point ce petit schéma pour vous expliquer plus facilement :

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Lorsque vous allez voir une production new-yorkaise, il y a deux manières de savoir si les doublures jouent. D’abord, en entrant dans le théâtre, vous verrez un tableau dans le lobby où les doublures qui jouent à cette représentation sont écrites. Sinon, lorsque le placier vous donnera votre programme, un petit papier y sera glissé pour indiquer les rôles joués par des doublures. Même si c’est souvent une déception de ne pas voir l’acteur régulier, je vous confirme que les doublures sont toujours excellentes. Parmi la trentaine de productions new-yorkaises que j’ai vues, je n’ai jamais été déçu de la performance d’une doublure. Au contraire, c’est souvent une agréable surprise de voir un inconnu tenir un rôle important et y apporter sa vision personnelle du personnage!

understudy

Mon lexique Broadway

Au fil de mes articles, je tenterai le plus possible de définir et démocratiser les termes spécifiques à Broadway, mais voici quand même un lexique. Si un gros point d’interrogation apparaît sur votre visage à la lecture d’un de mes articles, n’hésitez pas à m’écrire et j’ajouterai ce terme dans le lexique (ben oui, j’suis fin de même!)

Broadway : Au nombre de 40, les théâtres de catégories Broadway présentent des productions dans les salles situées dans le Theater District de Manhattan et comptant 500 sièges et plus.

Off-Broadway : Les théâtres de catégories Off-Broadway présentent des productions dans les salles de New York City comptant entre 100 et 499 sièges. S’ajoute à cette catégorie les productions dans les théâtres de plus de 500 sièges qui sont en dehors du Theatre District de Manhattan. Si on sait qu’il y a 40 théâtres de catégorie Broadway, il est beaucoup plus difficile de mettre un chiffre sur le nombre exact de salles Off-Broadway. (Pour plus de détails quant aux différences entre Broadway et Off-Broadway, lisez mon article : http://bit.ly/Bway-Off-Bway)

Off-Off-Broadway : Les théâtres de catégories Off-Off-Broadway présentent des productions dans les salles de New York City comptant moins de 100 sièges. À cela s’ajoutent les productions théâtrales new-yorkaises qui comptent des acteurs professionnels qui ne sont pas membres du syndicat Equity.

Equity : L’Actor’s Equity est le syndicat des acteurs et actrices professionnels aux États-Unis. On pourrait le comparer à l’Union des Artistes au Québec. Par contre, contrairement à l’UDA, l’Equity ne représente que les acteurs et actrices qui œuvrent sur les planches, alors que ceux qui font de la télévision et du cinéma sont membres d’un autre syndicat. Toutes les productions de catégorie Broadway et Off-Broadway ne contiennent que des membres Equity, tout comme la majorité des productions d’envergure aux États-Unis. L’Equity garantit également un salaire décent (minimum 1 861$/semaine sur Broadway) aux acteurs et actrices, en plus d’obliger les productions à offrir 8 représentations sur 6 jours chaque semaine. 

National Tour : La plupart du temps, les productions qui ont du succès sur Broadway partent en tournée aux quatre coins du monde. Il existe deux types de tournée : celles catégorisées « Equity » et celles appelées « Non-Equity ». Les tournées Equity jouent 8 représentations par semaine et ne passent pas moins d’une semaine dans une même ville. Les comédies musicales d’envergure peuvent parfois passer plusieurs mois dans une même ville, alors que les plus petites tournées peuvent jouer dans 50 villes annuellement. Les tournées Non-Equity sont tout de même professionnelles, mais mettent en scène des acteurs non membres du syndicat et jouent souvent 2 à 3 représentations par ville. Ces tournées sont de courte durée et voyagent beaucoup (exemple : 29 villes en 3 mois). Récemment au Québec, on a vu les tournées Equity de Wicked, The Lion King et The Book of Mormon passer par Montréal, alors que la ville de Québec a accueilli les tournées Non-Equity d’American Idiot, Cats et Jesus Christ Superstar.

Regional theater : C’est le type d’institution théâtrale à l’extérieur de New York qui présente des productions professionnelles. On en compte des centaines et des centaines aux États-Unis. Ces théâtres se comparent beaucoup à nos institutions ici au Québec, comme le Théâtre du Nouveau Monde à Montréal ou le Théâtre de la Bordée à Québec. Dans une même saison de 5 à 10 productions, on retrouve de nouvelles créations qui finiront peut-être par jouer sur Broadway, tout comme des reprises de pièces et de comédies musicales connues. Les prestigieux Tony Awards à New York remettent chaque année le prix du Meilleur Théâtre Régional. Parmi les institutions les plus réputées, on retrouve La Jolla Playhouse (San Diego), 5th Avenue Theatre (Seattle) et Arena Stage (Washington).

Saison théâtrale : Elle est définie par les dates importantes imposées par le gala le plus prestigieux : les Tony Awards. Comme à Hollywood où la fin d’une saison est la date limite d’éligibilité aux Oscars, à New York, c’est le 1er mai qui fait office de date butoir. C’est donc dire qu’une production théâtrale qui ouvre sur Broadway le 2 mai 2015 ne sera pas éligible aux Tony Awards de 2015, mais plutôt à ceux de 2016. (Lisez ma liste des 5 comédies musicales à voir dans la saison théâtrale 2015-2016 : http://bit.ly/1UeM40a)

Theater District : C’est le territoire géographique autour de Time Square où tous les théâtres de Broadway sont situés. Les limites géographiques sont, du nord au sud, les 40e et 53e Rues, et d’est en ouest, les 6e et 8e Avenues. Toutes les salles de spectacle situées à l’extérieur de ce quadrilatère ne sont pas considérées de catégorie « Broadway ».

Theater-District

Original production : C’est le nom donné à la première production d’une pièce ou nouvelle comédie musicale. Après des années de travail, de lectures et de workshops, la pièce voit enfin le jour sous forme d’une production. Certains appelleront la toute première production World-Premiere, mais le terme Original est plus souvent utilisé. Ces productions sont éligibles aux Tony Awards pour la Meilleure Comédie Musicale ou pour la Meilleure Pièce de Théâtre.

Revival production : Lorsqu’une Original production termine sa série de représentations, il n’est pas impossible que cette comédie musicale ne revoie le jour sur Broadway. Lorsque des producteurs ramènent une pièce qui a déjà joué sur Broadway, on parle d’un revival, que l’on pourrait librement traduire par « reprise ». Parfois, il s’écoule peu de temps entre la fermeture de la production originale et le début du revival : En 2006, une production de Les Misérables est revenue sur Broadway seulement 6 années après que la production originale n’est pliée bagages. Au contraire, en 2013, la comédie musicale Pippin a fait son grand retour sur Broadway, 36 ans après la fermeture de la production originale. Tant qu’à être dans les chiffres, voulez-vous savoir quelle comédie musicale a eu le plus de reprises? Même si votre réponse est « non », je vous le dis quand même : Porgy and Bess, des célèbres frères Gershwin, a eu droit à sept revivals depuis la production originale de 1935.

Workshop : Dans le monde du théâtre, on entend souvent parler de « lectures ». À New York, il est aussi très commun que des auteurs organisent des readings pour entendre les premiers balbutiements d’une nouvelle pièce de théâtre. Comme la comédie musicale est une forme d’art complexe où le chant, l’interprétation et la danse se fusionnent, les lectures sont souvent remplacées par des workshops. D’une durée variable entre 3 jours et 1 mois, le workshop est une période faste en créativité où auteur, compositeur, metteur en scène, chorégraphe, scénographe et autres artisans testent le matériel. Certains workshops ont lieu avant même que l’œuvre soit complétée, alors que d’autres se déroulent à quelques mois seulement de l’ouverture sur Broadway.

Tryout : Souvent appelé « out-of-town tryout » ou « pre-Broadway tryout », le tryout est une production à part entière qui a lieu à l’extérieur de New York. Traduit librement par « production de rodage », ces séries de représentations ont lieu quelques semaines ou quelques mois avant l’ouverture officielle sur Broadway. À une certaine époque, les tryouts servaient à jouer le spectacle à l’abri des critiques. Maintenant, à l’ère d’Internet où l’information circule rapidement, le but est plutôt d’aller roder le spectacle afin d’arriver le plus prêt possible à New York. De plus en plus, les productions de tryouts s’insèrent dans les saisons des regional theater des quatre coins des États-Unis et jouent pendant quelques semaines. C’est un peu comme si avant d’ouvrir en grande pompe à Paris, une nouvelle pièce de théâtre venait tester son matériel en s’insérant dans la saison du Théâtre du Trident à Québec. Les villes les plus populaires pour les tryouts sont San Diego, Seattle, Boston, Toronto et New Haven.

Opening night : C’est la première médiatique! Les critiques du monde entier sont invités, les célébrités new-yorkaises défilent sur le tapis rouge et une nouvelle pièce voit finalement le jour. Après la représentation, tous les membres de la production célèbrent ensemble et attendent impatiemment la sortie des critiques. Depuis l’arrivée d’Internet, les critiques sont mises en ligne le soir même, quelques heures après que le rideau ne soit tombé. Pour la survie d’une production, il est primordial que les critiques soient positives.

Previews : Après les répétitions et la générale, une production de Broadway n’a pas tout de suite sa première médiatique. Pendant deux à quatre semaines, la pièce joue devant public et teste une dernière fois le matériel avant d’inviter les critiques. Il faut savoir que sur Broadway, après la première médiatique, la pièce ne peut pas subir de modifications. La mise en scène restera la même et les répliques ne changeront pas, peu importe la durée de la série de représentations. La période de previews permet donc de faire les dernières modifications avant de figer l’œuvre dans le béton. Certains spectacles subiront très peu de changements entre le premier preview et la première médiatique, alors que dans d’autres cas, des changements majeurs auront lieu. Le cas le plus connu est la comédie musicale Spider-Man, qui a fracassé le record de la plus longue série de previews avec 182 représentations sur 7 mois. Durant cette période, le metteur en scène et l’auteur du livret ont été congédiés, certains acteurs ont été remplacés, des éléments de décor ont été construits puis jetés à la poubelle et un acteur a frôlé la mort lors d’une chute. 

Closing night : Sur Broadway, on estime que 3 productions sur 4 ferment ses portes prématurément. La dernière représentation est donc synonyme de tristesse, puisque les acteurs se retrouvent sans travail et les producteurs perdent de l’argent. Dans l’histoire, certaines comédies musicales ont dû fermer leurs portes après une seule représentation (Glory Days en 2008), alors que d’autres plient bagages après avoir fracassé des records de longévité (Cats, après 7 485 représentations en 2000).

Open-ended run : Une série de représentations est classifiée d’open-ended lorsque la date de la dernière représentation n’est pas fixée. C’est donc dire que le spectacle joue en continue, sans arrêt, jusqu’à ce que les producteurs décident qu’il n’y a plus suffisamment de billets vendus. Sur Broadway, la majorité des comédies musicales sont open-ended.

Limited run : On parle d’une limited run lorsque la date de la dernière représentation est fixée dès le début des représentations. Sur Broadway, la majorité des pièces de théâtre sont une limited run.

Extended run : On parle d’une extended run lorsque des représentations supplémentaires sont ajoutées à la fin d’une limited run. Très peu de production théâtrale au Québec sont open-ended. On pourrait cependant dire qu’une production dans un théâtre institutionnel (TNM, Trident, etc.) est une limited run, qui devient parfois une extended run lorsqu’on ajoute des supplémentaires.

Cast recording (album) : Lorsqu’une comédie musicale ouvre sur Broadway, elle est accompagnée d’un enregistrement audio dans 9 cas sur 10. Quelques semaines après la première, les acteurs et musiciens d’une production entrent en studio et enregistrent l’intégralité des chansons du spectacle en seulement quelques jours. Comme il est très rare qu’une production soit filmée et sortie en DVD, la bande sonore est souvent son seul souvenir matériel. Dans l’histoire, bon nombre de cast recordings ont atteint le top-100 du Billboard et depuis 1959, les Grammy Awards remettent un prix dans la catégorie « Best Musical Theater Album ».

Original cast : C’est le nom donné aux membres de la première distribution d’une production. Bien sûr, si une comédie musicale joue en permanence pendant des mois, voire des années, la distribution changera. Par contre, la distribution originale est celle dont on se rappelle le plus puisque les acteurs sont ceux qui jouaient lors de la première médiatique et des Tony Awards, en plus de chanter sur le cast recording album. Les acteurs originaux restent habituellement entre 6 et 18 mois dans une production (si le spectacle ne ferme pas avant). 

Lead role : Ce sont les rôles principaux dans une pièce de théâtre ou une comédie musicale.

Featured role : Ce sont les rôles secondaires ou « de soutien » dans une pièce de théâtre ou une comédie musicale.

Ensemble : Aussi appelé « company », l’ensemble regroupe tous les acteurs, chanteurs et danseurs qui tiennent une foule de petits rôles et qui supportent les personnages principaux et secondaires. Ce sont souvent d’excellents danseurs qui chantent tous les chœurs et de petites lignes solos. Dans une comédie musicale comme Les Misérables, plus de vingt acteurs forment l’ensemble et chacun d’entre eux joue une multitude de rôles : un prisonnier, une prostituée, un étudiant, une mendiante, etc.

Playbill : C’est l’entreprise qui gère les programmes officiels de toutes les productions de Broadway et d’Off-Broadway et qui comptabilisent les crédits artistiques de tous les acteurs, musiciens, créateurs et techniciens depuis 1884. Les programmes sont remis à tous les spectateurs avant la représentation et affichent tous les détails sur la production. Depuis peu, Playbill a lancé la banque de données en ligne « Playbill Vault » qui regroupe tous les crédits artistiques de l’histoire de Broadway. Jetez-y un œil : www.playbillvault.com

Stage door : La stage door est une porte d’un théâtre par où la distribution et l’équipe technique circulent. La tradition veut qu’après les représentations, des clôtures de foules sont installées et les acteurs sortent rencontrer leur public. Les fans peuvent donc faire signer leur Playbill et discuter avec ceux qu’ils viennent de voir sur scène. Dans les dernières années, certaines grandes vedettes comme James Franco et Neil Patrick Harris se sont prêtés au jeu et ont rencontré les foules en délire.

Tony Awards : Ce sont les prix les plus prestigieux remis aux productions théâtrales. Les Tony Awards sont à Broadway ce que les Oscars sont à Hollywood! Autant les pièces de théâtre que les comédies musicales sont récompensées, mais celles-ci ne compétitionnent pas dans les mêmes catégories. Seules les productions qui jouent dans les théâtres de catégorie Broadway sont éligibles à ce gala. Au fil des années, de grandes célébrités ont animé la prestigieuse soirée : Hugh Jackman, Whoopi Goldberg, Neil Patrick Harris, Matthew Broderick, Rosie O’Donnell, Anthony Hopkins, Julie Andrews, etc. Le nom « Tony » a été donné en l’honneur de l’actrice et productrice Antoinette Perry, qui a également fondé l’organisme American Theatre Wing.

The Broadway League : C’est l’organisme indépendant qui supervise les théâtres de Broadway. Née en 1930 dans le but d’encadrer la production de théâtre à New York, la League a maintenant comme objectif principal de faire connaître Broadway à un plus grand nombre, susciter l’intérêt des générations futures et supporter les créateurs. L’organisme est aussi en charge de présenter les Tony Awards à chaque année, en collaboration avec l’American Theatre Wing.

American Theatre Wing : Tout comme la Broadway League, c’est un organisme indépendant qui a comme but principal de supporter l’excellence et l’éducation du théâtre. L’ATW a aussi fondé les célèbres Tony Awards en 1947.